Menace n la cherté des aliments du bétail risque de faire disparaître l'élevage de chevaux dans cette région steppique qui compte officiellement près de 900 équidés. L'élevage de chevaux dans cette wilaya, a connu, au cours de ces dernières années, une sensible régression due à de multiples facteurs socioéconomiques, a-t-on appris, dimanche, auprès de la direction des services agricoles (DSA). Cette situation s'explique, entre autres, par la hausse vertigineuse des prix des aliments de bétail. Une hausse provoquée d'abord par la sécheresse sévissant dans la région. Ce phénomène naturel, qui ne cesse de prendre de l'ampleur, affecte considérablement l'approvisionnement des éleveurs en aliments. Faute de culture, l'aliment se fait rare sur le marché local, mais chèrement accessible pour les éleveurs. La hausse des prix s'explique aussi par la déperdition progressive de l'écosystème steppique à travers plusieurs zones réputées jadis pour leur vocation pastorale et où l'élevage équin prospérait. Une situation aggravée par la sécheresse. Selon les statistiques avancées par le secteur de l'agriculture, ladite wilaya compte près de 900 équidés appartenant à des nomades. Les éleveurs parmi les populations des zones steppiques implantées sur la très connue localité de Labiodh Sidi-Cheikh et El-Benoud se remémorent, avec amertume, le temps où le cheval était le compagnon inséparable du bédouin et où chaque tente de nomades comptait un ou deux chevaux. Au fil des années, l'élevage équin, qui nécessite des charges importantes, notamment en matière de fourrages dont le quintal est cédé à 2 200 DA, a régressé de manière spectaculaire menaçant, à terme, de faire disparaître ce métier traditionnel. «Ce lien, d'habitude renforcé entre l'éleveur et l'animal par attachement au patrimoine local, s'est affaibli faute de moyens», déplore un des éleveurs de la région. Face à cette situation critique, de nombreux éleveurs ont été contraints de se convertir à d'autres métiers plus rentables, comme l'élevage ovin pour la plupart d'entre eux. Dans cette région, les équidés sont dressés pour prendre part aux différentes manifestations liées au patrimoine culturel local, comme la fantasia, les courses de chevaux à travers la steppe ou les fêtes populaires avec comme hôte d'honneur le cheval. C'est le cas particulièrement des cortèges nuptiaux ou de la «ouaâda» de Labiodh Sidi-Cheikh. Comme le veut la tradition équestre, tous les clubs d'équitation et les propriétaires de chevaux de race, notamment le «barbe local», participaient à ces compétitions appelées communément «El-Alfa». Ce sont plus d'une dizaine d'équidés, dont les cavaliers vêtus d'un même costume, qui prenaient part, dans ces fantasias, à des représentations équestres au son du bendir (tambour), du guellal ou de la kasba (flûte) dans une ambiance de liesse particulière.