Représentation n Un pont pour l'éternité est l'intitulé de la pièce théâtrale dont la générale a été présentée, hier mardi, au Théâtre national. Écrite par Ghassan Kantani, elle a été adaptée et mise en scène par Noureddine Amroune. Tout commence lorsque Farès décide d'émigrer sans le consentement de sa mère. Durant son émigration, il reste sans nouvelles de sa mère, une vieille femme, malgré une correspondance et des appels téléphoniques réguliers. Inquiet de ce silence singulier, il rentre au pays et trouve la maison vide. Bouleversé, il se met à sa recherche mais en vain. Il est désormais convaincu qu'elle a quitté ce bas monde et «pourrait être enterrée comme une chienne». Ne pouvant plus supporter cela, et le remords aidant, il décide alors de mettre fin à ses jours. Il se jette sous une voiture qui, conduite par une jeune femme, roulait à vive allure. Mais peine perdue, il en sortira indemne. Il fait alors connaissance de Raja, la conductrice, et qui est également psychologue ; et de discussion en discussion, ils finissent par se rapprocher et tisser des liens étroits. Intriguée par ce personnage pour lequel elle éprouve d'étranges sentiments, Raja est convaincue que la mère de Farès est toujours en vie, et elle décide aussitôt de l'aider à la retrouver. À relever que la pièce, interprétée par de jeunes comédiens, des étudiants de l'Institut national d'art dramatique, a été jouée en arabe classique. Cela a altéré, dans un premier temps, le jeu, le rendant faux. La pièce aurait eu plus de naturel et d'écho si elle avait été présentée en arabe dialectal. Mais dans un deuxième temps, et au fil de la représentation, le jeu s'est avéré juste et aéré, fluide et accrocheur. Cette performance a été possible grâce à l'interprétation des comédiens qui se sont nettement distingués par leur présence sur scène. Ils étaient naturels et pourvus de charisme scénique. Leur jeu était véridique et substantiel, correct et démonstratif. Ainsi, la pièce a révélé une façon d'investir les planches, de jouer des rôles et d'interpréter un jeu. Le tout a été fait par de jeunes comédiens et comédiennes, tous pourvus de talents et débordant d'énergie et de spontanéité théâtrale. La pièce a également révélé une nouvelle génération de talents (Noureddine Kouider, Saïda Zitoubi…) qui rivalisent, à coup sûr, avec les comédiens qui ont de l'expérience. Il est vrai que ces jeunes comédiens ont su se démarquer par une approche d'interprétation scénique de ceux qui, pétris par l'expérience, ont habitué le public à des jeux qui, à la longue, ont fini par le lasser.