L?impôt est une invention millénaire de l?humanité. Au fil des siècles, du développement et des civilisations, l?impôt est passé du prélèvement forcé et arbitraire par le plus fort sur le plus faible à un système de solidarité active entre tous les membres de la société, chacun selon son revenu, pour faire face aux dépenses communes, comme celles de la construction des écoles, des hôpitaux, des routes, des traitements des fonctionnaires, etc. Le fait de payer ses impôts est perçu dans les sociétés développées comme le plus grand mérite civique. Combien de fois n?a-t-on pas entendu un citoyen en colère protester de sa bonne foi en assenant à qui veut l?entendre un tonitruant : «Moi je paie mes impôts monsieur !» Avec le développement humain, l?impôt est devenu une véritable science. Il véhicule en soi le sens même de la justice, mais aussi celui de la gouvernance rationnelle qui prélève les richesses, qui les distribue judicieusement et qui ne décourage jamais les activités économiques et le progrès humain. Aussi est-il d?une importance capitale pour l?existence même de la nation que la politique fiscale et sa mise en exécution soient conçues avec une extrême attention et qu?elles soient confiées à des commis intègres et scrupuleux. Qu?en est-il chez nous ? Il suffit de dire que le secteur public s?est effondré en partie parce que ses charges fiscales sont insoutenables et que dans ce secteur, il est d?usage généralisé de frauder le fisc pour pouvoir s?en sortir. C?est en quelque sorte une fraude de légitime défense. Essayez seulement de faire une simulation de bilan pour une activité commerciale ou industrielle avec de vrais chiffres et une facturation systématique. Il est quasiment impossible de s?en sortir avec des bénéfices ou de pouvoir payer ses charges fiscales et parafiscales. D?autant plus que l?administration des impôts part du principe que tout le monde vole le fisc et qu?il faut, par conséquent, taper au plus haut. D?autant plus que les fonctionnaires, chargés du calcul de l?assiette et du prélèvement, perçoivent des primes annuelles qui peuvent atteindre le million de dinars et parfois plus. Alors beaucoup d?opérateurs, énormément d?opérateurs, ont trouvé la panacée : graisser la patte.