«Ils m'ont charcuté !», a crié Bennie Demps, exécuté en Floride (sud-est) en 2000. «ça marche pas, ça marche pas !», s'est exclamé Joseph Clark, exécuté dans l'Ohio (nord) six ans plus tard, en voyant sa veine éclater à l'injection du sédatif. Il y a un an, Angel Nieves Diaz, exécuté en Floride, a grimacé, frissonné, lutté pour respirer, avant d'être pris de convulsions et de s'éteindre au bout de 34 interminables minutes : les aiguilles étaient trop enfoncées et les poisons n'étaient pas arrivés directement dans ses veines. De la corde du pendu qui se rompt à la veine du condamné qui éclate pendant l'injection, l'histoire de la peine de mort aux Etats-Unis est jalonnée d'exécutions, certes menées à leur terme, mais dans des conditions parfois lamentables. Le peloton d'exécution n'a pas non plus toujours garanti une mort instantanée : si les tireurs ratent le cœur, le condamné peut agoniser plusieurs dizaines de minutes en se vidant lentement de son sang. La chaise électrique est particulièrement violente : les mains du condamné se crispent, ses jambes sont parcourues de mouvements convulsifs, il saigne parfois du nez, vomit de la bile... La chambre à gaz, instaurée en 1924 et encore en vigueur dans une dizaine d'Etats, a souvent offert le spectacle d'un condamné attaché à une chaise, suffoquant, s'étranglant, les yeux révulsés... L'injection mortelle a été élaborée pour limiter ces souffrances, et épargner la sensibilité des spectateurs. La Cour suprême américaine doit, lundi, en examiner la légalité, un débat qui intervient alors que la peine de mort est en perte de vitesse dans ce pays.