De la corde du pendu qui se rompt, à la veine du condamné qui éclate pendant l'injection, l'histoire de la peine de mort aux Etats-Unis est jalonnée d'exécutions certes menées à leur terme, mais dans des conditions parfois lamentables. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les exécutions se faisaient en général par pendaison. Selon des rapports de presse, il est arrivé que la corde se rompe, que la brutalité du mouvement provoque une décapitation, ou que le condamné reste suspendu plusieurs dizaines de minutes avant de mourir étranglé. Le peloton d'exécution ne garantit pas non plus une mort instantanée : si les tireurs, volontairement ou non, ratent le cœur, le condamné peut agoniser plusieurs dizaines de minutes en se vidant lentement de son sang. La chaise électrique est également violente : les mains du condamné se crispent, ses jambes sont parcourues de mouvements violents, il saigne parfois du nez, urine, vomit de la bile... Et la pièce s'emplit souvent d'une odeur de chair brûlée. La chambre à gaz, instaurée en 1924 et encore en vigueur dans une dizaine d'Etats, a souvent offert le spectacle d'un condamné attaché à une chaise, suffoquant, s'étranglant, les yeux révulsés, visiblement sujet à de terribles souffrances. L'injection mortelle a été élaborée pour limiter ces souffrances, et épargner la sensibilité des spectateurs. Comme l'un des produits paralyse le condamné, il ne peut exprimer ce qu'il ressent, hormis dans quelques cas où le prisonnier se cambre sur la table et est secoué de spasmes. Mais quand le condamné est un ancien drogué, ce qui est fréquent, le personnel paramédical pénitentiaire, peu formé, bataille parfois plus d'une dizaine de minutes pour trouver une bonne veine. «Ils m'ont charcuté !», a ainsi crié Bennie Demps, exécuté en Floride en 2000.