Initiative n Pour la première fois, Sonatrach invite les pouvoirs publics à user de leur autorité afin de mettre fin aux agressions dont font l'objet, par ignorance, ses installations. Le président-directeur général de Sonatrach a appelé, hier, à une stricte application de la réglementation en vigueur pour mettre fin à l'empiétement des périmètres de protection des pipelines et à préserver ceux qui ne le sont pas encore. «La réglementation existe et les interférences extérieures sont nombreuses», a affirmé Mohamed Meziane au cours de la «Conférence nationale sur la réhabilitation des ouvrages de transport des hydrocarbures», organisée à l'hôtel Hilton à Alger. C'est la première fois que Sonatrach soulève publiquement une telle préoccupation devant des walis, des Directeurs territoriaux des mines et de l'industrie (DMI) et des représentants de plusieurs ministères tels que l'Intérieur, la Défense, le Tourisme et l'Aménagement du territoire. Pour Sonatrach, le phénomène a pris des «proportions alarmantes». Cette propagation incontrôlée a obligé l'entreprise à dévier d'importants tronçons de canalisation et d'engager des programmes de réhabilitation de ses ouvrages de transport. «La rencontre d'aujourd'hui (dimanche) qui regroupe les départements ministériels, interpellés de manière directe par un tel phénomène, se veut tout d'abord une action de communication», déclare, de son côté, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Selon lui, «cette rencontre se fixe comme objectif majeur d'attirer l'attention des différentes parties concernées sur les risques que constituerait l'exploitation des canalisations de transport d'hydrocarbures liquides et gazeux». Informer et sensibiliser les populations sur ce phénomène, ajoute M. Khelil, sont devenus une question primordiale qui doit être notamment prise en charge par les autorités locales. «Notre préoccupation aujourd'hui (…) est de savoir comment à l'avenir, éviter que (…) des constructions s'érigent autour et à l'intérieur même des périmètres de protection des canalisations d'hydrocarbures.» En matière d'infractions, Sonelgaz a recensé en avril 2007 quelque 530 cas (447 cas d'habitations et 53 d'édifices publics). Ces «infractions» ont été relevées dans dix-neuf wilayas parmi les trente et une qui ont été traversées par les canalisations de gaz et de pétrole, trente-deux en tout. D'après ses statistiques, quatre wilayas (Béjaïa, M'sila, Batna Mascara) totalisent 70% des «atteintes à ouvrages» constatées. Cette situation de fait accompli a fait dire à M. Khelil : «Un ensemble d'actions concrètes doit être engagé en toute urgence et en synergie entre les départements ministériels, les autorités des wilayas et toutes les localités concernées par le passage des canalisations d'hydrocarbures.» La démarche est d'autant plus urgente que les risques d'accidents restent imminents : 96% du réseau de canalisation a dépassé sa limite d'âge moyenne (25 ans). Selon les responsables de Sonatrach, la longueur du réseau se situe entre 1 600 et 1 700 km et elle fait actuellement l'objet d'un projet de mise à niveau. L'entreprise tient à la sécurité de ses installations : ses clients et partenaires exigent la sécurité dans leur approvisionnement en produits énergétiques. Pétrole : la hausse des prix persistera l Le niveau actuel des prix du pétrole persistera sur le marché mondial, a indiqué, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Selon le ministre, ce niveau se maintiendra au moins durant le premier semestre de l'année en cours. «Durant le deuxième semestre, il y aura une baisse de la demande mondiale en pétrole», ce qui peut favoriser la stabilisation des prix, affirme-t-il. Cette demande, à en croire le ministre, reprendra durant les 3e et 4e semestres 2008. S'agissant de la flambée des prix de l'or noir, M. Khelil explique cela par une «conjugaison de paramètres» : baisse record des réserves américaines, troubles au Nigeria qui a dû limiter sa production, crise des hypothèques aux USA qui a touché des banques européennes. «Il existe une forte demande à côté des événements géopolitiques», résume-t-il. Selon lui, l'élément le plus important reste les producteurs du pétrole non-membres de l'OPEP qui risquent de ne pas atteindre leur objectif pour la deuxième année consécutive.