Résumé de la 2e partie n Voulant rattraper l'erreur de son fils, Djerada retourne au marché et tente de tromper un riche cavalier… La femme l'attendait, gravement assise sur le seuil de sa porte. Elle avait un air calme et recueilli. L'homme l'interpella avec véhémence au sujet de sa jument, du tapis de haute laine posé sur la selle, des coraux qui ornaient le harnachement. Le regard de plus en plus lointain, comme si elle interprétait en voyante les signes d'un songe que l'homme lui aurait raconté, elle énonça d'une voix doctorale : Aouda djinnatek Zerbia dounitek Mordjan s'aaïtek and Allah La jument ?… signe de ton Paradis Le tapis ?... signe de ce bas monde Le corail ?… signe de ta récompense auprès de Dieu ! Mais l'homme ne décolérait pas et la menaçait de porter leur différent devant le cadi. Elle rétorqua qu'elle ne pouvait décemment se présenter devant ce magistrat nu-pieds. Il lui passa donc ses babouches. Ils se rendirent à la mahakma du cadi. Comme ils marchaient, la femme se détacha pour aller ramasser dans le ruisseau qui bordait la route quelques galets ronds qu'elle mit bien noués dans son mouchoir. Ainsi lestée, elle rattrapa notre plaignant. Lorsqu'ils entrèrent dans le fond de la salle de la mahakma, l'homme marchait en avant et la femme, derrière lui, brandit son mouchoir chargé et sonnaillant devant le cadi qui jetait les yeux vers eux. L'homme s'approcha de la barre et fit sa plainte. Tandis qu'il parlait, la femme, toujours derrière, renouvela le geste de brandir son mouchoir lourd de ses rondeurs. Finalement, le plaignant s'arrêta et la femme d'intervenir : «Sidi le Cadi, cet homme est fou ! Il vous assure que ce cheval est à lui, que ce tapis est à lui, que ces coraux sont siens. Ne va-t-il pas encore prétendre que les souliers que voici sont à lui ? Et soulevant son pied, elle montrait sa chaussure. «Précisément, ils sont à moi», dit le cavalier. La femme haussa les épaules. Et le cadi, déjà alléché par la vue du mouchoir lourdement chargé conclut que cet homme était fou et le renvoya. Une fois seul avec la femme, il s'intéressa au contenu du sac : «Que me portes-tu de bon, ô femme !...» Le doigt mystérieusement sur la bouche, dans un sourire déférent, elle le tendit au magistrat en disant : «Tsouf oula trouïne... Tu peux aspirer ou délayer dans la soupe !...».