Résumé de la 32e partie n Willy, croyant Brian au théâtre, lui téléphone. C'est alors qu'un message enregistré l'informe de l'annulation de la pièce... Il a branché le répondeur, dit Willy un moment plus tard. Je vais lui demander de nous rappeler.» Alvirah s'aperçut soudain qu'elle était épuisée. Comme elle ramassait les tasses, elle se souvint qu'il était cinq heures du matin à l'heure anglaise, rien d'étonnant à ce qu'elle se sente moulue de fatigue. Elle mit les tasses dans le lave-vaisselle, hésita, puis rinça les coupes à champagne inutilisées et les y plaça également. Son amie, la baronne Min von Schreiber — propriétaire de l'institut de remise en forme de Cypress Pont où Alvirah avait passé une semaine après avoir gagné à la loterie — lui avait enseigné que les grands vins devaient toujours reposer couchés. Elle passa une éponge humide sur la bouteille intacte, sur le plateau d'argent et le seau et rangea le tout. Après avoir éteint la lumière derrière elle, elle se rendit dans la chambre. Willy avait commencé à défaire les bagages. Alvirah aimait leur chambre. Elle avait été meublée pour le courtier, célibataire de son état, avec un lit extra-large, une coiffeuse à trois pans, de confortables chauffeuses et deux tables de nuit suffisamment grandes pour qu'y tiennent à la fois une pile de livres, des lunettes et les cataplasmes destinés à soigner les rhumatismes d'Alvirah. Quant à la décoration, Alvirah n'en démordait pas, le décorateur à la mode qui en était l'auteur avait été nourri à la lessive. Couvre-lit blanc. Rideaux blancs. Moquette blanche. Le portier avait laissé la valise-penderie d'Alvirah ouverte sur le lit. Elle l'ouvrit et commença à sortir ses tailleurs et ses robes. La baronne von Schreiber la suppliait toujours de ne pas faire ses achats seule. «Alvirah, recommandait Min, vous êtes la proie rêvée pour les vendeuses qui ont été entraînées à fourguer les mauvais choix des acheteurs. Elles vous sentent arriver alors que vous êtes encore dans l'ascenseur. Je viens souvent à New York. Vous faites plusieurs séjours à l'institut. Attendez que nous soyons ensemble.» Alvirah se demanda si Min aurait approuvé le tailleur écossais orange et rose sur lequel s'était extasiée la vendeuse de chez Harod's. Sans doute pas. Les bras chargés de vêtements, elle ouvrit la porte de la penderie, regarda par terre et poussa un hurlement. Etendu sur la moquette entre les rangées de chaussures de luxe extra-larges d'Alvirah, les yeux fixes, un halo blond de cheveux frisés auréolant son visage, la langue pointant légèrement, l'embrasse manquante du rideau autour du cou, gisait le corps d'une mince jeune femme. «Jésus, Marie, Joseph, gémit Alvirah en lâchant d'un coup tous ses vêtements. — Que se passe-t-il, chérie ? demanda Willy en se précipitant à son côté. Oh, mon Dieu ! souffla-t-il à son tour. Qui est-ce ? — C'est... C'est... tu sais bien. L'actrice. Celle qui jouait dans la pièce de Brian. Cette fille dont Brian est amoureux fou.» Alvirah ferma les yeux de toutes ses forces, cherchant à se libérer du regard vitreux du cadavre couché à ses pieds. «Fiona. C'est son nom. Fiona Winters. (à suivre...)