Résumé de la 31e partie n Alvirah contemple son nouvel appartement. Elle se remémore le temps où elle était femme de ménage et où habiter un tel «petit palace» était, pour elle, impensable à cette époque-là. «Dis donc, Alvirah, l'appelle Willy. Est-ce que Brian nous a laissé un mot ? On dirait qu'il attendait quelqu'un !» Brian, le neveu de Willy, était le seul enfant de sa sœur aînée, Madaline. Six des sept sœurs de Willy étaient entrées au couvent. Madaline s'était mariée à plus de quarante ans et avait tardivement donné naissance à un bébé, Brian, aujourd'hui âgé de vingt-six ans. Il avait grandi dans le Nebraska, écrit des pièces pour une compagnie théâtrale locale et était venu à New York après la mort de Madaline, deux ans auparavant. L'instinct maternel rentré d'Alvirah s'était entièrement concentré sur ce jeune neveu au visage mince et expressif, avec ses cheveux blonds rebelles et son sourire timide. Comme elle le disait souvent à Willy : «Si je l'avais porté en moi pendant neuf mois, je ne l'aurais pas aimé davantage.» Lorsqu'ils étaient partis en Angleterre au mois de juin, Brian terminait le premier jet de sa nouvelle pièce et avait volontiers accepté leur proposition de profiter de l'appartement de Central Park South. «C'est sacrément plus facile d'écrire ici que chez moi.» Il habitait un immeuble sans ascenseur de l'East Village, un petit studio environné de familles nombreuses et bruyantes. Alvirah alla à la cuisine. Elle écarquilla les yeux. Deux coupes et une bouteille de champagne dans un rafraîchissoir à demi rempli d'eau étaient disposées sur un plateau d'argent. Le champagne était un cadeau du précédent propriétaire. Il leur avait maintes fois répété que cette cuvée coûtait cent dollars la bouteille et que c'était le champagne préféré de la reine d'Angleterre. Willy se rembrunit. «C'est celui qui coûte une fortune, n'est-ce pas ? Brian ne l'aurait jamais pris sans notre autorisation. C'est bizarre.» Alvirah s'apprêtait à le rassurer, mais se tut. Willy avait raison. Il se passait quelque chose de bizarre, et son intuition lui disait que les ennuis n'allaient pas tarder. La sonnette de l'entrée retentit. Confus, le portier se tenait à la porte avec leurs bagages. «Pardonnez-moi d'avoir mis aussi longtemps, monsieur Meehan. Depuis le début des travaux, les résidents prennent l'ascenseur de service et le personnel doit faire la queue pour l'utiliser.» A la demande de Willy, il déposa les valises dans la chambre, puis s'en alla en souriant, un billet de cinq dollars serré au creux de la main. Willy et Alvirah prirent une tasse de thé dans la cuisine. Willy ne pouvait détacher les yeux de la bouteille de champagne. «Je vais téléphoner à Brian, décida-t-il. — Il sera encore au théâtre», dit Alvirah. Elle ferma les yeux, se concentra et lui communiqua le numéro de téléphone du guichet des locations. Willy composa le numéro, écouta, puis raccrocha. Il y a un message enregistré. La pièce de Brian est annulée. Ils expliquent comment se faire rembourser. — Pauvre garçon, soupira Alvirah. Essaie de le joindre chez lui. (à suivre...)