Cette exposition présente les oeuvres de 24 photographes, dont 5 nationaux. Il y avait foule samedi dernier au Mama (Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger). Et pour cause, cet antre de l'art tout azimut s'est paré de mille feux pour accueillir comme il se doit l'inauguration d'une exposition originale réalisée en collaboration avec l'Institut du Monde arabe. Il s'agit de «Regard des photographes arabes contemporains». Cette exposition qui présente les oeuvres de 24 photographes dont 5 nationaux, tourne autour de 3 pôles, à savoir: Territoires urbains, Images de soi, images de l'autre et Lieux intimes et symboles. Des images-témoignages qui nous renseignent en noir et blanc sur l'état du présent en devenir dans certains pays arabes. Des images où jaillissent des paysages en temps de conflit. On peut citer: l'Irak, la Palestine, Israël, le Liban. Une force aussi signe la beauté et engagement de ces artistes dont certains, reporters, ont choisi de fixer sous leurs objectifs cette réalité brûlante qui nous accule, tous, à nous y attarder un instant pour l'oublier, juste après, dans les arcanes de notre mémoire. Aussi, ces images sont là pour nous rappeler l'âpreté de cette réalité par le prisme de cette intelligence du corps qu'est l'oeil de cet artiste photographe «Aujourd'hui, il est reconnu que la machine photographique produit un champ culturel immense au coeur duquel s'est inscrite une nouvelle forme de communication, "le visuel" qui ne cesse de nous interpeller sur sa réelle nature. Nous ne le considérons plus, en effet, comme le simple résultat d'une technique ou un procédé mécanique mais, à tous les égards, comme un art de représentation à part entière du fait qu'il conçoit et réalise des images au même titre que la peinture ou la littérature», explique M.Zoubir Hellal, le commissaire de l'exposition. Et d'ajouter: «L'art visuel est un effort d'analyse, de compréhension et d'appréciation de tous ces aspects conjugués.» Il est, en d'autres termes, la régie intelligente et sensible de la force et de la beauté de l'image qui nous est proposée. Aussi ces photos affichées n'exposent pas moins qu'elles auscultent le quotidien en racontant ces bribes de scènes qui traduisent une émotion, une halte dans la vie intime d'un être, d'un groupe ou d'un peuple. Elles représentent des tranches de vie prises sur le vif pour une partie d'entre elles. D'autres, plus «travaillées», plus «légères» peut-être, sont le fruit d'une réflexion innovante et définitivement esthétique sur le monde qui nous entoure, nous agace, nous touche, nous interpelle ou nous agresse...Nabil Boutros d'Egypte et Jellel Gastelli de Tunisie évoquent, à travers des oeuvres empreintes de poésie, la vie traditionnelle tandis que la photographe Farida Hamak, Algérienne vivant en France, et auteure d'un album intitulé Ma mère, histoire d'une immigration, parle de la dualité de la culture. D'autres photographies viennent frapper notre regard comme cet enfant irakien tenant dans la main un billet de dinars irakiens pour traduire leur «insignifiance» face aux dollars ou encore «ce mur de la honte» érigé en Palestine...Plusieurs techniques ou procédés artistiques sont employés pour ce faire, lesquels insufflent à ces photographies des symboles d'humanité et de partage universels. L'exposition, inaugurée par Mme Souad Bendjaballah, ministre déléguée à la Recherche scientifique, et Mme Nouara Saâdia Djaffar, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine et ce, en présence de Zhira Yahi, porte-parole de la ministre de la Culture, se poursuivra jusqu'au 28 février 2008. Toujours dans le domaine de la photographie, on notera une autre exposition intitulée «Harragas» du photographe-graphiste Kays Djillali qui se tient depuis hier au Centre culturel français. Elle montre des photographies qui saisissent des migrants subsahariens dans des squats dans la banlieue d'Alger, à Djanet et à Tamanrasset. A découvrir également.