Prudence n Plusieurs syndicats de l'éducation, engagés dans un long bras de fer contre le département de Benbouzid, se sont montrés prudents dans leur soutien au mouvement de protestation. En annonçant que les sujets d'examens du bac ne concerneront que les programmes réellement étudiés à travers tous les lycées, le ministère chargé de l'Education nationale reconnaît le bien-fondé de la revendication liée à l'allégement des programmes. Dans un communiqué rendu public, la tutelle évoque cependant une éventuelle manipulation des lycéens par des entités politiques et syndicales. «Le baccalauréat étant un examen dont la valeur est reconnue au plan international, l'Etat veillera rigoureusement à sa préservation et par là même à la protection des élèves contre toute instrumentalisation à des fins politiques», affirme le communiqué. Le département de Boubakeur Benbouzid invite «les élèves, les parents d'élèves et l'ensemble de la communauté éducative à déjouer toute tentative destinée à porter atteinte à la valeur et à la crédibilité de l'examen du baccalauréat et à son exploitation à des fins politiques». Ce mouvement de protestation des lycéens coïncide avec le cycle de grève déclenché par les syndicats autonomes qui activent dans le secteur. Sauf que ces derniers se sont montrés prudents, voire se sont abstenus de faire la moindre déclaration à ce sujet. Tout se passe comme si les représentants des travailleurs de l'éducation n'étaient pas concernés par la revendication des élèves de terminale. Qu'en est-il exactement ? Selon un syndicaliste qui a requis l'anonymat, «si les syndicats apportent leur soutien publiquement à l'action des lycéens, cela donnera à la tutelle un bel argument. Cette dernière n'hésitera pas une seconde à décréter que le mouvement est impulsé par les syndicats avec lesquels elle est en conflit d'intérêt depuis plusieurs années déjà. Cela lui permettra surtout d'étouffer la voix des contestataires». D'après notre source, les syndicats ne peuvent cependant pas être à l'écart de ce mouvement. «Il n'y a qu'à voir l'ampleur de la grève, née à Alger et qui s'est étendue, en quelques jours, à d'autres wilayas qui connaissent une forte activité syndicale. Les lycéens eux-mêmes disent qu'ils sont soutenus par leurs profs». Si les syndicats n'ont pas porté officiellement la revendication portant «allégement des programmes», celle-ci a bénéficié en revanche de leur coup de pouce. «Ce n'est pas un hasard si le mouvement a été lancé à Alger depuis le lycée Omar-Racim. C'est dans ce dernier qu'a eu lieu une première rencontre entre syndicalistes, laquelle a abouti par la suite à la création de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation». «L'expérience a enseigné aux syndicats que les mouvements qui impliquent directement les élèves font leurs effets», assure notre interlocuteur qui n'avance rien à propos du devenir de cette action. «Les concernés refusent les premières mesures annoncées par Benbouzid. Ils disent vouloir du concret, c'est-à-dire l'allégement des programmes en indiquant les parties à exclure pour cette année. Le problème, c'est que ce ne sont pas les délégués des lycéens qui vont négocier une telle exigence. Attendons pour voir».