Scène n Nadir sue par tous ses pores face au buraliste. Il s'est fait avoir ce matin par un commerçant qui lui a remis un billet de 1 000 DA en très mauvais état. Et comme c'est la seule coupure qu'il a en poche, il doit la «refourguer» à un commerçant pour s'en débarrasser. Arrivé à la caisse, le marchand retourne le billet dans sa main et le refuse tout simplement. Ça n'a pas marché. Nadir ne désarme pas. Il fait appel à son imagination pour régler le problème qui n'a pas arrêté de le tourmenter depuis le matin. «Euréka», il trouve la solution. Un stratagème connu de tous les automobilistes. Mettre du carburant dans la première station d'essence. Les agents ne sont pas très regardants en général. Et puis, une fois le réservoir rempli, ils seront obligés d'accepter le billet. Beaucoup de billets de banque en circulation sont en très mauvais état. Particulièrement les coupures de 200 DA. D'ailleurs, ces billets sont les premiers incriminés dans les dysfonctionnements et les blocages des distributeurs automatiques de billets (DAB). La révélation a été faite début octobre dernier par le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef). M. Benkhalfa lors de son intervention au forum d'El Moudjahid, préconisera le retrait des billets de banques de 200 DA des distributeurs. Alors pourquoi cette détérioration du billet de banque ? Les raisons sont multiples. Partagées entre la politique monétaire appliquée et le comportement social. Parmi les causes à l'origine de l'usure des billets, on peut citer : l'absence quasi générale des systèmes de payement électroniques — en dehors de quelques distributeurs de billets installés çà et là, et qui d'ailleurs tombent souvent en panne —, l'absence d'une culture de payement par chèque due principalement au hiatus existant entre les citoyens et les établissements financiers qui se traduit par un manque de confiance réel induisant. Par ailleurs, un autre phénomène est à l'origine de la dégradation des billets de banque, il s'agit de la thésaurisation. Par ce fait, l'argent circule dans un circuit parallèle sans jamais passer par la banque. Une pratique qui empêche le renouvellement des billets en mauvais état. En attendant de trouver une solution au problème de l'usure des billets de banque, Nadir met à exécution son idée. Il se rend à la première station-service, remplit son réservoir pour 200 DA et remet le billet de 1000 DA au pompiste. Ce dernier, sans rechigner prend le billet et lui en rend quatre de 200 DA dont trois dans un plus mauvais état que la coupure de mille. Se sentant impuissant, Nadir, met ces billets en piteux état dans sa poche et commence déjà à penser comment faire pour les liquider. Demain, il trouvera bien un autre stratagème.