La banque d'Algérie a promis de rafraîchir ces billets, mais deux ans plus tard elle sert toujours cette monnaie de la honte. Découpé en deux, verticalement tenu par le scotch et horizontalement déchiré, un numéro de série illisible, le papier abîmé et la signature de la Banque d'Algérie effacée, tel est l'état de «décompensation» dans lequel se trouve le billet de 200 DA. Certains Algériens l'appellent le «billet de la honte», alors que d'autres le qualifient de billet «sinistré». Emis au début des années 80, ces billets continuent à «ternir» l'image de l'Algérie, d'autant plus que la monnaie fiduciaire constitue l'un des symboles de la patrie. Mieux encore, ce billet de 200 DA devrait être conçu soigneusement par le fait qu'il porte la photo du Sanctuaire, premier monument de l'Algérie indépendante et de la glorieuse Révolution algérienne. N'a-t-on pas raison, ainsi, de qualifier cette monnaie de billet de la honte? Après l'aéroport, la monnaie est censée être la deuxième vitrine du pays. Le change est la première opération qu'effectue un étranger à son arrivée dans n'importe quel aéroport au monde. Le constat est amer, mais c'est une vérité. Les agences de banque, implantées à l'Aéroport international d'Alger continuent, à l'instar, d'ailleurs, de tous les autres établissements financiers, postes ou banques, à servir cette monnaie de la honte aux clients, malgré son état de «dégradation» avancé, trop même! Un pays comme l'Algérie, qui souhaite promouvoir son tourisme, accueille ses visiteurs par des billets «sales», déchirés, complètement délavés, surtout et malheureusement, infectés. Pis encore, on véhicule ainsi une image du pays aux étrangers, à travers un billet totalement abîmé qui, dans la majorité des cas, ne leur sert qu'à s'approvisionner en gasoil. Tant que les commerçants refusent de prendre «le risque» d'accepter de vendre leurs marchandises contre une telle monnaie abîmée, les étrangers ne peuvent, dans ce cas, s'en servir. La construction des hôtels luxueux, le nettoyage des grandes villes, généralement sales malheureusement, le développement d'une politique touristique nécessitent, dirons-nous, du temps et des moyens. Que faut-il pour changer un billet de banque? Juste de la volonté! L'état «sinistré» dans lequel se trouvent les billets, constitue un handicap pour le fonctionnement des DAB (distributeur automatique de banque). Ce constat est celui établi même par le responsable de la Banque d'Algérie. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, qui avait annoncé, en octobre 2008, lors de son passage devant la chambre basse du Parlement, une opération de «renouvellement» des billets de 200DA. Le billet de «200DA fera sa toilette pour être flambant neuf à la rentrée» sociale 2008, avait-il promis, il y a plus de deux années. «La Banque d'Algérie va procéder prochainement à un rafraîchissement de coupures de billets de 200 DA en vue de faciliter leur utilisation dans les DAB installés au niveau des bureaux de poste et agences bancaires.» Qu'est-ce qui a été fait depuis? Rien! Ces billets se détériorent de plus en plus. Cela sans compter les milliards (en billets) qui circulent dans le marché informel qui échappe toujours au contrôle, faisant seul la loi. Le même établissement avait annoncé qu'il a déjà procédé, depuis quelques mois, à la destruction «par incinération» des billets usagés de deux cents dinars (200 DA) qui sont «irrécupérables». Mais, ils continuent à faire le décor de la monnaie nationale. Ces billets sont rejetés par les commerçants, les clients, y compris les agents de banques. D'ailleurs, une pétition circule sur Facebook, revendiquant le retrait de ces billets du marché. Des centaines de commentaires postés par les internautes mentionnent tous que ces billets doivent être impérativement retirés de la circulation monétaire. «Les billets de 200 DA sont premièrement, complètement déchirés, deuxièmement, infectés. A cela s'ajoutent les petits dessins, des numéros de téléphone personnels écrits dessus», a posté un des internautes. «Je déteste mettre un billet de 200 DA dans ma poche et j'ai horreur surtout de les compter, surtout lorsqu'il s'agit d'une somme qui dépasse les 10.000 DA», répond un autre internaute. Les Algériens pourraient-ils espérer un jour ne plus mettre dans leur poche un billet scotché de partout, tout griffonné et avec une écriture illisible? L'espoir est permis.