Vu l'état piteux et sale dans lequel se trouvent nos billets, il faut dire qu'il est déconseillé, voire indécent, d'exhiber un billet de 200DA devant un étranger. «Les quatre parts "scotchées" d'un billet ne sont pas parfois harmonieuses entre elles car la numérotation ne correspond pas», s'est plainte une cliente d'une banque à Kouba qui voyait son billet de «200DA», rejeté par le préposé, s'envoler...Assistant à l'incident, un autre client a crié son indignation devant tant de «mépris» affiché face au citoyen. C'est de la «zoubia» (la poubelle, Ndlr), a enchaîné un autre qui voulait que ses propos soient rapportés par le journaliste de L'Expression, présent lors de l'incident. Les coupures de 200DA en circulation ressemblent à tout sauf à des billets de banque tant leur état est lamentable. Ils sont sales, déchirés, fripés, délavés...Certains commerçants refusent même de les prendre, au grand dam des consommateurs qui ne savent plus quoi en faire. De nouveaux billets de 200DA devaient être mis en circulation au mois de septembre 2008. Une «nouvelle vie» les attendait. Il n'en a rien été! D'autre part, le rafraîchissement de ces billets est devenu aussi un problème d'hygiène publique. Vu l'état piteux et sale dans lequel se trouvent ces billets, il faut dire qu'il est déconseillé, voire indécent, d'exhiber un billet de 200 DA devant un étranger. Pourquoi tarde-t-on à changer carrément ces sales billets? Emis le 3 mars 1983, (la date d'émission est sur le billet), ils n'ont été ni remplacés ni restaurés depuis plus d'un quart de siècle. L'état de ces billets abîmés, semble découler, selon une source proche de la BA, de plusieurs facteurs, entre autres, la thésaurisation démesurée et surtout le circuit informel pour échapper au fisc. Il faut admettre qu'il est triste de constater que les efforts entrepris par l'Etat pour moderniser le secteur financier par l'installation massive de distributeurs automatiques de billets de banque (DAB), soient annihilés. En effet, les billets de banque usagés, notamment ceux de 200DA, bloquent souvent le système des DAB. Par ailleurs, les guichets financiers, qu'ils soient bancaires ou postiers, continuent à distribuer ces «billets de la honte» de 200DA aux clients, malgré leur état de «dégradation» avancée, trop même! Pourtant, M.Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, avait annoncé, en octobre 2008 déjà, devant l'Assemblée populaire nationale (APN), une opération de «renouvellement» des billets de 200DA. Les billets circulant hors banques (dans l'informel) échappent hélas, à ce traitement de «rafraîchissement», ce qui expliquerait «en partie», le piteux état des billets de 200 dinars. Cependant, rien ne semble avoir été fait jusqu'alors si l'on se réfère aux doléances récurrentes des citoyens, qu'ils soient consommateurs, commerçants ou agents d'établissements publics (banques, postes, recettes...) M.Laksaci avait pourtant précisé qu'«il avait été procédé au renouvellement des billets de 200DA», et d'ajouter «nous avons privilégié les pièces de 100 dinars avant de renouveler les billets de 200 dinars». L'opération sera poursuivie durant l'année 2009, avait-il alors assuré dans sa communication. Il avait en outre rappelé, en août 2008, qu'après une opération de renouvellement qui a touché les billets de 1000DA et de 500DA, «celui de 200DA fera sa toilette pour être flambant neuf à la rentrée» sociale 2008. «La Banque d'Algérie va procéder prochainement à un rafraîchissement de coupures de billets de 200 DA en vue de faciliter leur utilisation dans les DAB installés au niveau des bureaux de poste et agences bancaires», avait-il assuré. Parlant de la pénurie de liquidité anormalement constatée, Laksaci avait indiqué que la BA avait doublé en 2008 ses capacités de production précisant que les billets fabriqués avaient atteint 203,1 milliards de dinars contre 173 MDS en 2007 et 160,4 en 2006. Mais les billets de 200DA sont-ils compris dans ces chiffres de production faramineux? est-on permis de se questionner. Peu après, en septembre 2008, la BA avait confirmé à L'Expression que «l'équivalent d'un milliard de dinars (en vieux billets) était passé au feu», confirmant ainsi que la BA avait lancé l'opération d'incinération des billets usagés de 200DA qui sont «irrécupérables» Il s'agit des billets qui ne peuvent absolument pas être «rafraîchis», technique en usage de par le monde, confirme-t-on auprès de la BA. Par ailleurs, il est bon de signaler qu'au point de vue santé, cette situation est loin d'être heureuse. En effet, la grippe, par exemple, peut se transmettre par les billets de banque. C'est ce que révèle une étude parue dans la «Microbiologie environnementale appliquée» sous l'intitulé «Survival of influenza virus on banknotes». L'étude a consisté à contaminer volontairement certains billets avec des concentrations variables du virus de type influenza (celui de la grippe) et de vérifier au cours du temps sa présence. Le virus seul, sur le billet, est retrouvé 3 jours après. Mélangé avec un peu de sécrétions «nasopharyngées», il survivrait jusqu'à 17 jours! Ainsi, l'étude conclut que le virus de la grippe peut se transmettre par les billets de banque. De ce fait, est-il conseillé de «ne point se moucher avec les billets de banque»? Une définition scientifique de l'argent sale est enfin émise. Qu'en est-il au juste en Algérie? Que conclure alors de nos billets de banque qui tendent à ressembler à tout, sauf à de l'argent liquide...