Affrontements n La Vallée du Rift à l'ouest du pays est devenue le théâtre principal des violences post-électorales. Quarante-cinq personnes ont été tuées à Nakuru, la capitale provinciale en proie à des affrontements à caractère interethnique a indiqué, hier, samedi, la police ce qui porte à 81 le bilan des tués dans la Vallée du Rift en l'espace de trois jours. Un officier de police qui a requis l'anonymat, a fait état de 26 personnes tuées dans de nouveaux affrontements à caractère interethnique dans les seuls bidonvilles de Nakuru. Dans le district voisin de Molo, lui aussi particulièrement touché par ces violences, la police a annoncé avoir découvert les cadavres de 15 personnes victimes des troubles. A Nakuru, où la police a imposé vendredi, dernier, un couvre-feu nocturne, «des maisons sont en feu et la violence a de nouveau éclaté dans des quartiers», a déclaré un porte-parole de la Croix-Rouge. A l'hôpital général de cette même ville, le personnel était dépassé par le nombre d'admissions. «Nous sommes débordés. Notre unité chirurgicale a une capacité de seulement 36 patients, mais actuellement nous soignons plus de 90 patients», a expliqué un responsable de l'hôpital. A Nakuru, des Kikuyus se sont organisés pour se venger des attaques dont ils avaient été la cible les jours précédents dans la province, selon des habitants. «Le gouvernement n'a pas réussi à nous protéger alors nous avons décidé de venger nos frères tués à Burnt Forest et Eldoret», autres localités de la province. Dans la matinée, des hommes, certains armés de machettes, avaient érigé des barricades dans la ville et sur les axes routiers y menant. Ces barricades ont été rapidement démantelées par la police paramilitaire. Plus de 800 personnes ont trouvé la mort au Kenya dans les troubles politico-ethniques qui ont suivi la réélection le 27 décembre dernier, du président Mwai Kibaki, rejetée par le chef de l'opposition Raila Odinga qui l'accuse de lui avoir volé la victoire. La Vallée du Rift est devenue ces derniers jours, l'épicentre de ces violences dans lesquelles s'affrontent notamment des membres de la communauté kalenjin, qui a majoritairement soutenu Odinga, et leurs voisins kikuyus, l'ethnie de Kibaki. Ces violences dans la Vallée du Rift viennent s'ajouter, et largement se confondre, à d'autres plus anciennes liées à des conflits fonciers récurrents qui donnent régulièrement lieu à des explosions de violences meurtrières dans la région. L'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui mène une médiation dans le pays depuis quelques jours, s'est rendu par hélicoptère dans cette province pour constater l'ampleur de la crise et a dénoncé, à son retour, des violations «systématiques et graves des droits de l'Homme». «On ne peut pas autoriser l'impunité», a ajouté M. Annan, sans nommer un groupe en particulier. «J'espère qu'il y aura une enquête sérieuse pour établir les faits et que ceux qui sont responsables seront punis.»