Les violences post-électorales au Kenya ont fait 50 nouveaux morts, dont 14 personnes brûlées vives, dans la Vallée du Rift, éclipsant la médiation de Kofi Annan qui a rencontré le chef de l'opposition Raila Odinga. Cette région de l'ouest du pays concentre désormais les troubles, ce qui porte à 130 le nombre de personnes tuées dans cette province depuis jeudi soir. La Vallée du Rift est devenue l'épicentre de ces violences dans lesquelles s'affrontent notamment des membres des communautés kalenjin et luo, qui ont majoritairement soutenu Odinga, et leurs voisins kikuyus, l'ethnie de Kibaki. Selon le leader de l'opposition, c'est un plan de terreur bien organisé par les hommes de Kibaki. De son côté, le porte-parole du gouvernement a assuré que tous ceux responsables de crimes seront tenus comme responsables pour leurs actions. L'armée kényane commence à être déployée pour éviter des génocides. Le Kenya, l'un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, traverse une crise majeure née de la contestation des résultats officiels de l'élection présidentielle. Le chef de l'Etat sortant Mwai Kibaki a été réélu, mais Odinga revendique la victoire, affirmant que la compilation des résultats a été entachée de fraudes. En un mois, plus de 900 personnes ont été tuées dans les violences post-électorales et environ 250 000 personnes ont été déplacées. Sur le plan diplomatique, l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, désigné médiateur de l'Union africaine (UA) dans la crise, s'est de nouveau entretenu à Nairobi avec Odinga. Il avait réussi à obtenir une poignée de main entre Kibaki et Odinga, sans plus. Il continue à espérer voir aboutir sa médiation mais, apparemment, elle est compromise. Le pays s'enfonce dans la crise qui prend l'allure de guerre tribale. À Addis Abeba, le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, s'est dit très inquiet de la situation. D. B.