Beaucoup de choses ont été dites sur les Lions indomptables du Cameroun. Le Cameroun, ce géant d'Afrique, toujours grand favori au sacre final avec ses quatre titres continentaux (1984, 1988, 2000 et 2002) et sa quinzième participation à une phase finale d'une CAN, mais aussi ses cinq passages à une phase finale de Coupe du monde (1982, 1990, 1994, 1998 et 2002). Le palmarès du Cameroun ne s'arrête pas là puisqu'il compte un quart de finale de Coupe du monde en 1990 et une médaille d'or aux jeux Olympiques en 2000. Mais malgré cela, beaucoup de choses ont été dites sur cette bande de Lions comme : le Cameroun n'est plus ce qu'il était ou que c'est une sélection vieillissante et ne renfermant qu'un seul joueur d'exception, en l'occurrence Samuel Eto'o fils, la star du FC Barcelone. On a même prédit la fin du règne des Lions indomptables, oubliant qu'on naît et l'on meurt Lion, même lorsque l'on est tenté de l'achever après une lourde défaite (2 - 4) face au champion en titre égyptien lors du premier match du groupe C. Il y a vingt-quatre heures, on doutait encore de ce Cameroun qui devait jouer sa survie face à une Zambie, tout auréolée d'un large succès devant le revenant Soudan (3 à 0), mais apparemment dupée par les événements, ce qui l'a poussée à offrir la victoire à des Lions irrésistibles qui voulaient tout dévorer. Et quand une proie s'y prête, ils ne disent pas non, comme ils l'ont fait hier en balayant la Zambie sur le plus gros score de cette CAN-2008, un (5 - 1) sans appel. Hormis le premier but inscrit sur un coup franc magistral de Njitap à la vingt-sixième minute de jeu, les autres réalisations ont été entachées d'erreurs, certaines monumentales, d'une défense zambienne déglinguée face à l'opportunisme de Job (à deux reprises) et Emana. Quant à Samuel Eto'o, vers qui tous les regards étaient braqués et les stratégies adverses orientées, il s'éclipsa intelligemment au détriment du collectif et des autres armes insoupçonnées de son équipe. Il s'occupera tout de même d'une grande mission : celle d'égaler le record de buts de ce grand footballeur et goléador racé ivoirien que les moins de trente ans ou plus ne connaissent pas. Ce record devait tomber un jour ou l'autre, et c'est Samuel Eto'o, l'unique footballeur «survivant», qui l'a fait sur un penalty, tout comme le légendaire Pelé pour son millième but à Maracana. Comme quoi, les grands champions peuvent se contenter d'un simple tir au but pour rentrer dans l'histoire et écrire ces belles pages. Evidemment, les spécialistes du football africain ne vont pas très vite en besogne en remettant le Cameroun sur le tapis des superfavoris, mais ils savent qu'avec leur moral d'acier, leur potentiel insoupçonné et leur capacité de retenir les leçons amères du passé (élimination en quarts de finale de la CAN-2004 en Tunisie par le Nigeria pourtant sa bête noire depuis longtemps, une autre élimination, plus dramatique celle-là, aux portes de la Coupe du monde de 2006 par l'Egypte dans les dernières secondes d'un match qui a traumatisé tout un pays et un autre faux pas en quarts de finale à la CAN-2006 contre la Côte d'Ivoire, futur finaliste de l'épreuve) pour redevenir les rois d'Afrique. Car même s'il n'a pas été tête de série au Ghana, le Cameroun, comme lors du Mondial-1990 en Italie où l'équipe était arrivée divisée avec un Roger Milla trop vieux (38 ans, alors que Rigobert Song n'en a que 32) pour repartir en triomphe après un quart de finale mémorable contre l'Angleterre, est capable de créer la sensation. Un Lion ne meurt jamais, il ne fait que s'évanouir.