A son époque, pas aussi lointaine que cela, Laurent Pokou était un grand footballeur qui finira par entrer dans l'histoire par la grande porte en inscrivant son nom en tant que meilleur buteur de la compétition avec 14 réalisations. Un record qui tiendra 38 ans, mine de rien, sans qu'aucun autre joueur du continent vienne le déranger ou dépoussiérer cette inscription des livres d'histoire de la CAN. Il a fallu alors attendre le 30 janvier 2008, lors d'un Cameroun-Soudan de l'édition ghanéenne pour que ce record soit dépassé, alors qu'il a été égalé quatre jours auparavant face à la Zambie par Samuel Eto'o fils, puisque c'est de lui qu'il s'agit. Pokou, l'ancien international ivoirien qui avait été meilleur buteur en 1968 en Ethiopie avec 6 buts puis au Soudan en 1970 avec 8 buts (dont cinq en un seul match contre l'Ethiopie, 6 à 1, ce qui lui a valu le surnom de l'homme d'Asmara) et ancien professionnel du Stade Rennais, en France, a eu un sourire qui en disait long. Il sait que son nom sera finalement effacé du livre des records pour rejoindre le panthéon des anciennes légendes, car à plus de soixante ans, Pokou poursuivra tranquillement son honorable parcours en tant qu'ambassadeur FIFA for SOS Children's Villages. Le Camerounais Samuel Eto'o, lui, poursuivra sa route vers d'autres consécrations et certainement d'autres buts. Qualifié, hier avec sa sélection aux quarts de finale, l'attaquant du FC Barcelone, qui a repris la compétition il y a quelques semaines seulement, est déjà le meilleur buteur de la CAN- 2008 avec cinq réalisations et l'auteur de la meilleure performance de tous les temps avec 16 buts. Et à 27 ans seulement, la voie vers d'autres buts lors des prochaines CAN, s'il y participe, est ouverte. Toutefois, la différence avec Pokou qui, lui avait réalisé son record en deux éditions seulement et avec une CAN qui se jouait avec huit sélections, Eto'o a dû attendre sa cinquième phase finale pour atteindre cet objectif. En 2000, il s'est illustré en marquant à quatre reprises, avant de réduire son compteur à une seule banderille en 2002 et en 2004. Lors de la dernière édition en Egypte (2006), Eto'o, en pleine ascension, termine meilleur buteur avec cinq réalisations, ce qui lui a permis d'entamer le rendez-vous ghanéen avec trois buts de retard sur le record de Pokou (14 buts). En trois rencontres, Eto'o dribble et marque l'histoire pour aller rejoindre Pokou au Panthéon. Lui, le petit joueur anonyme de 16 ans qui a été précocement appelé en sélection et pour la première fois par Jean Manga Onguéné, l'ancienne star des Lions indomptables et Ballon d'Or africain en 1980, pour le tournoi LG Cup en Tunisie, en août 1997, alors qu'il fréquentait la réserve du Real Madrid. Une année, après ces deux premières sélections, il est retenu par Claude Le Roy, l'actuel sélectionneur du Ghana, pour disputer le Mondial-1998 en France où il fera une pige de vingt-cinq minutes en remplacement de Patrick Mboma, lors du naufrage contre l'Italie (0 - 3). Depuis ce jour, Eto'o ne quittera plus la sélection du Cameroun, devenant, au fil des années, son arme redoutable en trustant trois titres d'affilée : deux CAN (2000 et 2002) et la médaille d'or des jeux Olympiques de Séoul (2002), sans compter ses titres avec les clubs espagnols (Real Majorque et le FC Barcelone). Comblé, Eto'o n'a qu'une idée en tête : décrocher une autre CAN car il ne se voit pas rentrer au Ghana bredouille. Eto'o déjà une légende.