Entretien réalisé par Ghislaine Sathoud * Votre ouvrage retrace l'historique de la Coupe africaine des nations (CAN), depuis sa création en 1957 jusqu'à 2008. Pouvez-vous brièvement nous en parler ? Le football africain ne pouvait pas se développer sans une grande compétition continentale, la Coupe du monde étant trop sélective et trop espacée dans le temps (tous les 4 ans). C'est ce qui a motivé un groupe de dirigeants africains à procéder à la création d'un organisme regroupant toutes les fédérations africaines, la Confédération africaine de football (CAF) et une compétition regroupant les meilleures sélections d'Afrique : la Coupe d'Afrique des nations (CAN). Sa fréquence étant réduite à 2 ans. Cette compétition a permis à de nombreuses nations (Egypte, Ghana, Cameroun…) et à de beaux joueurs (Laurent Pokou, Alain Gouaméné, Cherif Souleymane, Ahmed Faras, Paul Moukila, Rabah Madjer, Mac Carthy, Malumba Ndyaye, Jay Jay Okocha, Samuel Eto'o,…) de s'illustrer. Le livre offre aux lecteurs non seulement les résultats de tous les matchs, mais aussi les meilleurs buteurs et beaucoup d'informations utiles avec de brefs commentaires sur chacune des 27 éditions (de 1957 à 2010). Que doit-on retenir de Salif Keita, «le Pelé malien», ses dribbles élégants ou ses 30 à 40 buts annuels qui ont fait de son club le triple champion de France, de 1968 à 1970 ? Pour bien saisir ce que représente Salif Keita, il faut rappeler que, jusque dans les années 1960, la plupart des pays africains étaient colonisés et que de grands joueurs africains (Eusebio, Benbarek, Mahjoub, Mekhloufi…) jouaient pour des clubs européens avec une nationalité européenne (française, portugaise, belge…) Salif Keita, lui, a rejoint St-Etienne, en tant que Malien, recruté par un club européen. De ce fait, c'est lui qui a ouvert le chemin aux Dahleb, Abédi Pelé, Georges Weah, et, aujourd'hui, aux Eto'o, Adebayor et Drogba. De plus, c'est le premier détenteur du titre de meilleur joueur africain concrétisé par un ballon d'or. Salif Keita a été le premier «ballon d'or». Selon vous, cette prouesse a-t-elle eu des répercussions sur le football malien ou africain ? Cette prouesse n'a eu que très peu de répercussions car le football africain était très peu médiatisé à l'époque. En revanche, ce qui va bouleverser le football africain, ce sont les centres de formation qui vont se multiplier en offrant au monde des joueurs africains de grande qualité. Il y a eu le centre de l'ASEC d'Abidjan dirigé par le Français Guillou puis le centre Cherif Souleymane, en Guinée, puis, au Mali, le centre de… Salif Keita qui a produit, entre autres, Seydou Keita, l'actuelle vedette du FC Barcelone, Coulibaly et Sidibe. Vous affirmez que «les Africains contribuent de plus en plus efficacement aux performances et résultats professionnels du monde», des noms comme Drogba, Adebayor, Eto'o, Roobelar, Dahleb, Pelé viennent appuyer votre argumentation. Parlez-nous donc de ces grands footballeurs ! Le livre propose 176 biographies des meilleurs joueurs africains de l'histoire des années 50 à nos jours. Ces joueurs ont été choisis sur la base de critères rigoureux (longévité, qualités techniques, appartenance à un grand club…). Les noms que vous avez cités font partie des plus connus mais ils sont loin d'être les seuls. Il y a 7 joueurs sud-africains (Mac Carthy, Radebe, Bartlett…), 19 Algériens (Madjer, Mekhloufi, Lalmas…), le Burkinabais Dagano, 14 Ivoiriens (Pokou, Fofana, Gouamene, Gervinho…), 20 Camerounais (Milla, Nkono, Abega, Eto'o, Enoh…), 14 Egyptiens (Hossam Hassan, Chazli, Khatib, Abouzid, Aboutrika…), 12 Ghanéens (Abedi Pelé, Kuffour, Kofi, Essien…), 17 Marocains (Benbarek, Mahjoub, Akesbi, Faras, Hajji, Zaki, Dolmy…), 8 Sénégalais (Bocande, Cheikh Seck, Diouf, Niang…), 11 Tunisiens (Tarak, Temime, Attouga…), 15 Nigérians (Okocha, Rufai, Kanu, Finidi…), soit un total de 176 joueurs représentant 27 pays africains. C'est ce qui rend ce livre unique à nos jours. G. S. * In le journal de connectionivoirienne.net