Legs n Poèmes, sentences et dictons chantent les vertus de l'arbre fruitier à tel point que d'aucuns n'hésitent pas à le sacraliser tant il symbolise à la fois la paix et la fécondité. La culture de l'olivier, du figuier, du cerisier et du caroubier dans les villages de la wilaya de Tizi Ouzou où le sol est adapté à l'arboriculture rustique est une pratique ancestrale qui remonterait aux époques romaines et phéniciennes, selon certains récits. Longtemps considérés comme une culture de subsistance et de résistance, procurant des revenus aux familles rurales, ces arbres fruitiers sont également utilisés dans l'alimentation du bétail, dans la construction, dans la menuiserie et dans la confection, entre autres, des métiers à tisser, ustensiles ménagers et outils agricoles, soit un usage multiple corroborant parfaitement le principe de Lavoisier disant «rien ne se perd , tout se transforme». Tous ces facteurs, aux côtés de bien d'autres créations d'art, ont conféré à l'arbre une place de choix dans la vie des ruraux tant et si bien qu'il a imprégné leurs us et coutumes jusqu'à devenir un mythe peuplant leur imaginaire. Poèmes, sentences et dictons chantent ses vertus à tel point que d'aucuns n'hésitent pas à le sacraliser tant il symbolise à la fois la paix et la fécondité. La population de la wilaya de Tizi Ouzou était, jusqu'à un passé très récent, portée sur l'activité arboricole. En effet, en dépit de la dureté des travaux agricoles et de la limite des superficies cultivées, les gens tenaient à avoir leur verger et jardin potager dont ils prenaient grandement soin. Ils tenaient à cette terre nourricière comme à la prunelle de leurs yeux, au point que certains recouraient à la pratique de rites pour protéger du «mauvais œil» les arbres ployant sous le poids des fruits. Cette attention particulière n'était évidemment pas dénuée d'un certain calcul procédant de l'esprit pratique des fellahs qui savent que la terre ne donne qu'à celui qui la travaille. Ils attendent donc en retour qu'elle leur fournisse toutes ses richesses, en légumes et fruits secs notamment qu'ils veilleront à stocker dans des amphores pour faire face aux temps de disette, comme il était d'usage, au temps de l'autarcie économique, de constituer des «aoula» (provisions) pour l'hiver. De nos jours, nombreuses sont les familles qui maintiennent encore intacte cette mesure de prévoyance économique dictée par la «hantise des temps de vaches maigres», que les ancêtres n'ont que trop endurés, mettant toujours de côté des quantités d'huile d'olive et de figues sèches. Mais, conséquence du délaissement du travail de la terre, la production arboricole est loin de l'abondance des récoltes d'antan, contrastant grandement, actuellement, avec le recul drastique des rendements au point que les figues se vendent sur le marché comme des fruits exotiques, alors que cela était considéré, dans un passé pas très lointain, comme un sacrilège. A titre indicatif et pour illustrer cette situation, un rapport de la direction des services agricoles fait état d'un excédent dans la production des figues estimé à 234 392 q, durant la saison agricole 1947-1948 en Kabylie. Toute cette quantité de figues fut traitée dans des unités de transformation locales, avant d'être exportée. Autres temps, autres mœurs. De nos jours, les figues d'importation se vendent sur les marchés de Kabylie.