Constat n Le phénomène de l'émigration illégale (clandestine), appelé communément harraga, prend de plus en plus d'ampleur notamment ces derniers mois. Pour le seul mois de janvier 2008, les forces navales algériennes ont sauvé 355 harragas qui tentaient de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune. «Le bilan de ce phénomène est alarmant. Depuis 2005, le nombre des opérations de sauvetage ainsi que les personnes sauvées est en nette progression», a indiqué Kaddour Mohammed, représentant du Commandement national des forces navales, hier, au cours d'une présentation portant sur les causes qui mènent les jeunes vers l'aventure (harraga), organisée par l'Organisation nationale des associations pour la sauvegarde de la jeunesse, M. Kaddour a rappelé à l'assistance, composée des jeunes et de leurs parents, les bilans des trois dernières années du phénomène. Ainsi, le nombre d'interventions effectuées par les forces navales a connu une évolution dramatique. Il est passé de 88 opérations en 2005 à 202 en 2007. Il en est de même pour le nombre des personnes repêchées (sauvées), puisqu'il était de 335 en 2005 avant d'atteindre 1 016 l'année dernière. Pour cette année, les choses semblent s'aggraver puisque rien qu'au courant du mois de janvier dernier, les forces navales ont effectué 35 interventions de sauvetage en repêchant 355 harragas, soit un tiers du bilan de l'année précédente. Donc, la courbe demeure ascendante et ce, «malgré les efforts consentis par les différents secteurs pour arrêter cette hémorragie», a souligné Adelkrim Abidat, président de l'Organisation nationale des associations pour la sauvegarde de la jeunesse. Pour M. Abidat, il est grand temps que les autorités mettent le paquet et s'impliquent davantage pour contrecarrer cette situation douloureuse. «Nous essayons à travers ces conférences de sensibilisation, en créant des espaces de communication, de minimiser les dégâts. Mais la solution consiste dans une stratégie et un plan d'action où tous les secteurs participent d'une manière efficace dans la lutte contre ce phénomène dangereux», explique-t-il. L'orateur est revenu, lors de son intervention, sur les principaux facteurs sociologiques qui poussent les jeunes à l'aventure. Il s'agit, entre autres, des facteurs suivants : déperdition scolaire, pression familiale, oisiveté, absence de communication et mauvaises fréquentations. Par ailleurs, les représentants des secteurs du travail, de la formation professionnelle, des affaires religieuses, de la sécurité (Dgsn) ont évoqué, chacun dans son domaine d'activité, leurs stratégies de développement qui permettent aux jeunes d'intégrer la vie économique et sociale, et d'éviter ainsi, le recours à l'aventure qui mène à l'enfer.