Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a qualifié cette situation de «désastreuse». Les jeunes Algériens continuent de fuir leurs familles et leur pays. Vingt-et-un (21) candidats à l'émigration clandestine vers l'Europe ont été arrêtés, mercredi soir, par une brigade du groupement territorial des gardes-côtes de Annaba. Ces jeunes ont été arrêtés au nord de l'embouchure de l'oued Seybouse, située dans la zone de «Djouanou» à Sidi Salem alors qu'ils tentaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée à bord d'une embarcation artisanale, a précisé le commandement de ce groupement. Cette arrestation a pu se faire grâce à la vigilance des gardes-côtes qui ont intensifié leur surveillance surtout en cette période de fêtes de fin d'année marquée par de bonnes conditions météorologiques. Le commandement du groupement de garde-côtes a indiqué que les mis en cause, dont l'embarcation a été saisie, seront déférés devant le procureur de la République d'Annaba. Le phénomène harraga prend de plus en plus d'ampleur sans qu'aucune solution ne lui soit apportée. Au premier semestre 2008, 718 Algériens, qui tentaient d'émigrer clandestinement en Europe, ont été interceptés et 38 embarcations saisies selon les forces navales algériennes. Plus de 1500 candidats à l'émigration clandestine avaient été arrêtés en 2007 en Algérie, contre 1016 en 2006, selon la même source. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia s'est exprimé, mercredi dernier, sur ce phénomène à l'issue de l'adoption par les membres du Conseil de la Nation de la résolution de soutien au Plan d'action du gouvernement. Il a qualifié cette situation de «désastreuse», soulignant la nécessité d'offrir aux jeunes tentés par cette aventure des emplois mais aussi les raisons de croire «qu'ils y ont leur place et que leur pays besoin d'eux». En outre, les familles des harraga disparus de la wilaya de Annaba ont, dans une lettre, interpellé Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), afin d'intervenir pour les aider à les retrouver. M.Ksentini s'était déjà exprimé sur la question de la pénalisation des «harraga», en particulier. Pour ce responsable, pénaliser les «harraga» en leur infligeant des sanctions par voie judiciaire, ne constitue pas une «solution» au phénomène. «La solution est tout indiquée, il faut plutôt fournir davantage d'efforts pour la création d'emplois et fixer les jeunes chômeurs dans leur pays», avait-il soutenu récemment. Il a rappelé, dans ce contexte, que le récent rapport de son organisation transmis au président de la République, «contient tout un chapitre sur les droits sociaux». Abondant dans le même sens, le bâtonnier Miloud Brahimi s'était dit «scandalisé, voire humilié», de voir les jeunes «harragas» condamnés à des peines de prison fermes. A noter que le projet d'un observatoire méditerranéen de lutte contre l'émigration clandestine a été lancé, le 25 novembre 2008 à Alger par le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamel Ould Abbès. Cet observatoire, qui sera mis en place en janvier prochain, a pour but de mettre en place des mécanismes de sensibilisation, des programmes de communication et une banque de données sur la situation de l'émigration clandestine en Méditerranée, notamment concernant la frange juvénile.