Ingrédients n Les événements s'accélèrent au Liban. Ils interviennent dans un climat de tensions exacerbées ces derniers jours par des accrochages armés entre camps rivaux. Des milliers de partisans de la majorité parlementaire antisyrienne étaient attendus ce jeudi à Beyrouth, trois ans jour pour jour après l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, dans un climat d'extrême tension avec l'opposition pro-syrienne emmenée par le Hezbollah. Cette commémoration au cœur de Beyrouth coïncide avec les obsèques, dans la banlieue sud de la capitale, d'Imad Moughnieh, un des principaux chefs du Hezbollah tué mardi à Damas dans un attentat à la voiture piégée. Le Hezbollah chiite a mis en cause Israël. Au centre de Beyrouth, des mesures de sécurité draconiennes ont été prises pour empêcher tout débordement lors de la manifestation, qui devait débuter à 8h 00 GMT, organisée en mémoire de Rafic Hariri, tué le 14 février 2005 dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth qui avait fait au total 23 morts. Pointée du doigt, la Syrie a nié toute implication dans ce meurtre. Place des Martyrs, de nombreux soldats ont été déployés et des barbelés installés pour séparer les partisans de la majorité de ceux de l'opposition, qui occupent l'endroit depuis plus d'un an. Les autorités ont interdit le port d'armes pour tous les civils et la circulation dans la ville des motos, souvent utilisées par les militants pour mener des attaques. L'ambassade des Etats-Unis restera fermée ce jeudi, par ailleurs décrété jour férié pour l'occasion par le gouvernement libanais. Ces deux rassemblements interviennent dans un climat de tensions exacerbées ces derniers jours par des accrochages armés entre camps rivaux et les discours belliqueux d'hommes politiques qui ont évoqué le spectre d'une nouvelle guerre civile au Liban. Une manifestation de l'opposition contre les coupures de courant dans la banlieue sud de Beyrouth s'était alors soldée par la mort par balles de sept manifestants, dont plusieurs membres du Hezbollah. 19 militaires et 60 civils sont poursuivis dans cette affaire qui, selon l'opposition, a jeté une ombre sur la candidature «consensuelle» à la présidence du chef de l'armée, le général Michel Sleimane. Le Liban, qui connaît sa plus grave crise depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), est sans président depuis le 24 novembre. Une séance parlementaire pour élire le chef de l'Etat a été reportée 14 fois. La majorité soutenue par l'Occident et l'opposition appuyée par Damas, ex-puissance tutélaire au Liban, et Téhéran n'arrivent pas à s'entendre sur la répartition du pouvoir au sein du futur gouvernement. La prochaine séance est prévue le 26 février.