Précision n «Pour que le point soit retiré, il faut que l'affaire passe en justice et que le magistrat décide de la soustraction du point et cela concerne uniquement les affaires jugées définitives par la justice.» C'est ce que nous fera savoir Mohamed Lazouni, officier à la Dgsn, spécialiste de la sécurité routière et très célèbre sous le sobriquet de «Chorti el-Mekhfi». Avant de lancer l'opération du permis à points, M. Lazouni pense qu'il faut mettre en place une véritable coordination entre la justice, la police, la gendarmerie et les services de la wilaya. Car, estime-t-il, «dans l'état actuel des choses, quand quelqu'un de malintentionné se voit retirer le permis quelque part, il se pointe au poste de police de son quartier pour faire une déclaration de perte suite à quoi, il aura le duplicata au niveau de la wilaya». Le permis à points sera, corrige-t-il, «une opération très bénéfique si l'on disposait d'un réseau informatisé entre toutes les daïras car, le cas échéant, celui qui fera ce genre de déclaration pourrait être poursuivi pour fausse déclaration, mais tant que nous n'avons pas ce réseau, je ne vois pas comment utiliser cette technique du permis à points». L'ancien Chorti el-Mekhfi souhaite plutôt «le retour des tribunaux de simple police, qu'on pourrait appeler tribunal contraventionnel». Outre la création d'emploi (magistrats, juges, greffiers…), ces tribunaux auront aussi l'avantage «d'assurer le recouvrement des contraventions. Une fois verbalisée, la personne fautive est invitée à payer une amende et, en cas de non-payement, elle sera invitée à comparaître devant les tribunaux». A propos de la panoplie d'infractions existantes, il cite celles amenant au retrait de permis qui donnent un délai de 48 heures au conducteur, celles qui lui donnent un délai de 30 jours et enfin celles à travers lesquelles, on ne retire pas le permis de conduire, mais on envoie un rapport à la commission, seule habilitée à décider du retrait du permis ou pas. Pourquoi dès lors toute cette panoplie ? se demande-t-il en fin connaisseur. «Pourquoi ne pas revenir à l'ordonnance de 1974 qui était simple et dans laquelle est énumérée une liste d'infractions. Lorsque l'agent constate l'infraction, il ne retire pas le permis. Il dresse le p-v que l'automobiliste doit payer et une copie du P-V est envoyée, en parallèle à la commission de retrait de permis de la wilaya. Laquelle commission doit convoquer l'automobiliste. Je pense que ce serait plus judicieux de réactiver les tribunaux de simple police plutôt que de procéder carrément au retrait du permis», argumente-t-il. Pour essayer de joindre ses efforts à ceux consentis par d'autres organismes, M. Lazouni lance un appel pressant et s'adresse directement aux compagnies d'assurances et aux concessionnaires «pour qu'ils soient partie prenante dans la politique de la prévention routière. Il ne faut pas laisser le Centre national de la prévention routière se débattre tout seul, d'autant plus qu'on parle de 100 milliards de dinars de perte annuellement.» Estimant que la loi fait obligation à tout véhicule à moteur d'être assuré, notre interlocuteur trouve anormal que les compagnies d'assurances refusent d'assurer les motocycles et les motards sous prétexte que ce sont des engins à risques. «L'aberration est là, car, à notre connaissance, les assurances sont là pour couvrir des risques», conclut-il.