Démesure Après la guerre qu?elle a menée contre l?Irak envers et contre tout le monde, l?Amérique s?apprête à livrer une autre guerre, celle de la reconstruction du pays qu?elle a détruit pour relancer sa propre économie tombée en panne. L'exclusion des entreprises des pays opposés à la guerre en Irak de certains appels d'offres pour la reconstruction de l'Irak, a été justifiée, mercredi, par les Etats-Unis. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott Mccllellan, a expliqué qu'«il est normal et raisonnable de s'attendre à ce que les contrats principaux pour la reconstruction, financés avec l'argent des contribuables américains, aillent au peuple irakien et aux pays qui partagent avec les Etats-Unis la tâche difficile de construire un Irak libre, démocratique, et prospère». De son côté, le Pentagone a nié, hier, mercredi, que la décision d'exclure du marché de la reconstruction de l'Irak les sociétés dont les pays ont été opposés à la guerre en Irak était une punition, en soulignant que la porte restait ouverte. Les sociétés des pays exclus peuvent encore être éligibles et gagner des appels d'offres si leur gouvernement décide d'envoyer des troupes en Irak, a indiqué Lawrence Di Rita, le porte-parole du Pentagone. Les contrats concernés, au nombre de 26, ont une valeur totale de 18,6 milliards de dollars. Ils vont de l'équipement d'une nouvelle armée irakienne à la reconstruction des routes, des installations pétrolières, des systèmes de communication et des réseaux d'adduction d'eau et de fourniture d'électricité. Les pays opposés à la guerre en Irak, notamment la France, l'Allemagne, la Russie et le Canada, ont réagi avec colère et surprise à la décision américaine d'exclure leurs sociétés du marché de la reconstruction en Irak. M. Annan, SG de l?ONU, a critiqué la décision américaine de réserver aux seuls pays membres de la coalition les contrats pour la reconstruction de l'Irak. «La stabilité de l'Irak est l'affaire de chacun et nous devrions réunir nos efforts et éviter les mesures et les décisions qui sont sources de division», a-t-il dit. Même la Grande-Bretagne craint que ses entreprises ne soient écartées de la reconstruction de l'Irak même si, contrairement à leurs rivales françaises, allemandes ou russes, celles-ci peuvent espérer y participer n'en ayant pas été éliminées par les Etats-Unis. «Le fait que des pays comme le Tonga et l'Estonie soient autorisés à prendre part (à la reconstruction) en dit long sur la manière dont les Américains voient la reconstruction de l'Irak», a dit James Lawday, directeur général de la Middle East Association, peu après l'ouverture à Amman d'une conférence sur la reconstruction de l'Irak.