Bonheur Bouquets de fleurs et cadeaux pleuvent sur Hind. Elle se marie aujourd?hui et elle ne pleure même pas comme le veut la tradition. Dès que le chanteur de chaâbi, Meskoud prend place sur scène, à la salle Ibn Khaldoun, entouré de l?orchestre de l?Office national de l?information et de la culture, et que sa voix tendre et belle jaillit, ensorcelant les convives, Hind pénètre sur scène, accompagnée par deux jolies femmes et s?assoit sur le fauteuil décoré pour la circonstance. Les youyous et les applaudissements retentissent de partout pour lui souhaiter la bienvenue. Et toute émue par ce geste d?amour et d?amitié, la mariée habillée en blanc, comme un ange, sourit. Elle confie qu?elle n?avait jamais pensé que le jour de son mariage, autant de personnalités et d?artistes algériens de renommée, comme Aziouz Raïs, Nardjess et Meskoud, qu?elle n?a eu l?occasion de voir et d?écouter qu?à la télévision assisteraient à son mariage. Elle ne le croit pas, mais c?est pourtant vrai. Cette jeune fille qui n?a jamais connu la chaleur familiale, n?a pas eu le temps, en ce jour, de penser à cela. Des bénévoles du Croissant-rouge, ses amies du centre, la directrice, des personnes de la direction de l?action sociale sont venus, les bras chargés de cadeaux et de bouquets de fleurs pour lui apporter soutien et sourire. Quelques minutes auparavant, elle avait peur d?affronter, elle qui n?a vécu que dans les centres, autant de monde et de personnes. Le rythme s?accélère, les applaudissements fusent de partout, Des amies et des invités se lèvent pour danser. De loin, nous pouvons apercevoir la jeune et belle mariée sourire, parfois même rire. En changeant ses tenues comme le veut la tradition, Hind, de temps à autre, fait le tour de la salle, envoûtée par les youyous des femmes. Certaines n?ont pas manqué de lui remettre des cadeaux même sur scène. C?est la joie. D?autres femmes n?ont pu s?empêcher de pénétrer dans la chambre où elle se change pour l?embrasser et lui présenter leurs v?ux et leur bénédiction. Entourée de ses amies, dont Fatma-Zohra, elle n?aura pas le temps de pleurer, au contraire, selon les confidences de celle-ci, elle est impatiente de rejoindre son prince charmant. «Elle l?aime, elle l?adore et elle n?en peut plus de cette attente terrible». Hind sourit et baisse la tête. Un peu tard dans la soirée, des représentants de l?Unicef et de certaines associations étrangères arrivent. Ils sont venus apporter soutien et sollicitude à cette jeune et belle femme. La fête organisée par le comité de solidarité de wilaya est une vraie réussite. Hind n?a pas pleuré comme le veut la tradition, comme pleurent toutes les jeunes nouvelles mariées, car elle ne quitte pas sa famille, contrairement aux autres, mais elle vient d?en avoir une vraie, pour la première fois, à l?âge de 22 ans. Alors pourquoi pleurer ? Le mystère des clés Depuis que le château a été transformé en centre, les portes ont été pourvues de serrures, mais celles-ci ne tiennent pas plus de trois jours, elles se brisent tout de suite et sont remplacées alors que d?autres ont été «dévorées» par la rouille. «Les s?urs ne refermaient jamais les portes, elles restaient ouvertes. C?est pour cela, je crois, qu?elles ne tiennent pas ! C?est étrange !», confie Fatma-Zohra.