Les pouvoirs publics, qui n'ont pas pu prendre en charge les revendications salariales des fonctionnaires, ont annoncé ce week-end que la grille des salaires sera appliquée sans même attendre la finalisation des statuts particuliers. L'intersyndicale, de son côté, rejette cette décision et maintient la décision de recourir à la grève de 3 jours dès demain. Le bras de fer est engagé. Encore un autre. «L'annonce du Chef du gouvernement de l'application de la grille des salaires avant même la promulgation des statuts particuliers des différents secteurs de la Fonction publique est une violation des lois de la République», nous a déclaré, ce samedi matin, Méziane Mériane. Pour le porte-parole de la Coordination des syndicats autonomes de la Fonction publique (Csafp), cette décision a prouvé encore une fois, l'incapacité des pouvoirs publics à répondre aux attentes des travailleurs. «L'augmentation des salaires des travailleurs, et ce, par la classification des fonctionnaires, ne sera effective que si les statuts particuliers sont finalisés», a-t-il expliqué, avant d'ajouter que la décision de Belkhadem relève de «la précipitation». Pourquoi une telle décision ? Le porte-parole de la Csafp a justifié l'annonce du chef de l'Exécutif par «la tentative du gouvernement de museler les syndicats autonomes, en espérant casser la dynamique et la volonté nées au lendemain de l'annonce de la nouvelle grille des salaires qui est insignifiante et largement contestée par les travailleurs». M. Meziane a tenu, par ailleurs, à déplorer le silence qui a entouré les revendications sociales des travailleurs par les pouvoirs publics. En effet, selon lui, depuis que le front social est en ébullition, aucune volonté de dialogue avec les partenaires sociaux (syndicats autonomes) n'est du moins affichée. Notre interlocuteur tient à faire savoir que les appels aux dialogues émanant des membres de l'Exécutif ne servent qu'à «tromper l'opinion nationale». «Les pouvoirs publics, notamment le ministère du Travail, connaissent nos adresses, nos coordonnées, mais jusqu'à maintenant nous n'avons reçu aucune invitation officielle à dialoguer avec eux, et nous n'avons jamais été saisis», dira-t-il. Et d'indiquer que «la coordination est disposée au dialogue s'ils le veulent réellement». Cette coordination, malgré la dernière sortie médiatique du Chef du gouvernement, ne compte pas lâcher prise. En effet, la Csafp, qui regroupe pas moins de douze syndicats autonomes de divers secteurs d'activités, entre autres la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur, compte, une fois de plus, paralyser ces secteurs en organisant, dès demain, une grève de 3 jours. «La coordination nationale est décidée à aller jusqu'au bout de ses revendications syndicales», précise M. Mériane. Ce dernier nous a indiqué qu'en sus des enseignants du supérieur représentés par le Cnes, le secteur de la santé, de l'éducation dans ses trois paliers et les adjoints de l'éducation et les conseillers d'orientation, les fonctionnaires de l'administration de la Fonction publique représentés par le Snapap, ont rejoint le mot d'ordre de la coordination. «Si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous irons, après la consultation de la base, à une grève ouverte», menace-t-il. S.B.