Tension n Quelques mois seulement après le conflit qui a opposé les producteurs privés de lait pasteurisé au gouvernement au sujet de la subvention du différentiel des prix, un autre problème a surgi, pouvant engendrer une autre pénurie. Y aura-t-il de nouveau une crise du lait ? A en croire Abdelouhab Ziani, président de la Fédération de l'agroalimentaire affiliée à la Cipa, la réponse semble affirmative. En effet, si le système de quota appliqué dans l'approvisionnement en poudre de lait, est la dernière pomme de discorde. Les producteurs privés reprochent en outre à l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), «les lenteurs administratives et démarches effectuées dans le cadre de la distribution de la poudre de lait mais également de n'être pas représentés au sein de l'Onil afin de participer au choix de la poudre importée et d'assurer plus de transparence dans sa distribution». Réunis hier en assemblée générale sous l'égide de la Fédération agroalimentaire de la Cipa, les laiteries privées ont remis en cause le mode de gestion de cet office, juste deux mois après le début de ses activités, soit au début de l'année 2008. «Les besoins de toutes les laiteries – soit pas moins de 78 unités de production en matière première – sont estimés à 5 700 tonnes par mois. L'Onil n'en a mis à la disposition de ces producteurs qu'environ 3 000 tonnes. Les laiteries se retrouvent, de ce fait, amputées d'environ 60% de leurs capacités de production», a fait savoir M. Ziani. Et de poursuivre : «Nous avons évité de faire des commentaires durant une soixantaine de jours, mais hélas, aujourd'hui, nous nous sommes rendu compte que la situation n'a pas bougé d'un iota.» Le nouvel office, installé en grande pompe par le gouvernement, à la suite de la flambée des prix sur les marchés mondiaux de la poudre en lait et ses répercussions sur notre marché, a, aux dires de M. Ziani, failli à sa mission en faisant dans le deux poids, deux mesures dans son mode de distribution. «Comment expliquer que les unités publiques de production sont régulièrement approvisionnées en quantités suffisantes alors que le privé est soumis à des quotas l'obligeant à réduire sa production et mettre un grand nombre de ses travailleurs au chômage ?», s'interrogent les responsables de ces laiteries. «Nous allons saisir le Chef du gouvernement pour l'informer de la situation. Les producteurs privés ne peuvent plus la supporter. Leurs capacités de production ont baissé, et le différentiel de subvention des mois de novembre et décembre n'a toujours pas été attribué», précise-t-il plus loin. La cause ? M. Ziani justifie ce comportement par le «soi-disant détournement de la poudre de lait de sa vocation initiale par les producteurs privés». Et d'indiquer au passage que les «producteurs privés ont mis à la disposition de l'Onil tous les documents justificatifs de leurs capacités de production».