La subvention de 15DA pour les mois de juin, juillet et août n'a pas encore été perçue. Il n'y aura pas de lait en sachet aujourd'hui sur les étals. Les producteurs privés de lait sont en grève. La production est arrêtée. La pénurie de lait resurgit de nouveau. Les producteurs de lait en sachet ont décidé, encore une fois, d'arrêter leur activité. ça tourne vraiment au vinaigre. A ce rythme, le prix du lait risque de dépasser les 40 dinars le sachet dans les jours à venir. Corollaire, le yaourt, le fromage, le beurre, les crèmes et les glaces, dont les prix seront proportionnels, sont appelés à devenir des denrées rares sur la table des ménages. «La non-concrétisation des promesses du gouvernement quant au soutien du prix de la poudre de lait» est la cause invoquée. «Le mal dure et perdure», selon l'expression même d'un haut cadre de l'entreprise privée «Monlait», leader dans le domaine de la transformation de la poudre de lait et de la distribution. Au départ, un simple retard de versement. Mais il perdure, souligne Karim Stambouli, responsable de la production chez Monlait qui recevait hier L'Expression à l'usine de Oued Smar. «Alors que la poudre de lait connaît des plus haut sur les marchés internationaux où elle a atteint 5600 dollars la tonne avec, en sus, la rareté du produit, à Alger, cette précieuse matière vaut 400DA le kilo et parfois plus. Comment continuer à produire et vendre au prix administré de 25DA le sachet d'un litre?» s'est exclamé M.Stambouli qui ajoute que son entreprise peut être mise «sur le même piédestal que l'entreprise publique Colaital quant à son envergure». «On veut des assurances. L'argent existe, il est disponible au niveau de la banque Badr et les mécanismes sont opérationnels», a souligné M.Stambouli qui ne s'explique pas «le pourquoi de ce retard dans le versement de la subvention ni du reste de la réévaluation du prix de vente promise par les pouvoirs publics». La subvention en question qui s'élève à 15DA n'a pas été perçue par la douzaine d'entreprises privées existantes, tant pour les mois de juin, juillet qu'en ce 7e jour d'août. Le gouvernement, dont l'option de libéralisation des prix est affichée, semble attendre, selon lui, un réajustement des salaires pour permettre au citoyen de supporter les nouveaux prix applicables selon la loi de l'offre et la demande. Reconnaissant toutefois la particularité de ce produit vital de base, M.Stambouli prévoit un «retour de manivelle» pouvant s'ensuivre malgré les nombreuses mises en garde, alors que les producteurs ont joué le jeu contrairement à ce que pense une certaine presse. Selon lui, «le producteur n'a pas le courage ni les moyens de continuer à travailler sans garanties sûres de réévaluation par les pouvoirs publics», ajoute le représentant de la société «Monlait». Ceci, pendant que le rendez-vous entre le gouvernement et la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) est annulée. Cette dernière s'étant désolidarisée de la grève planifiée hier par les nombreuses unités de production privées du pays. Rappelons que la Cipa, qui a géré le problème du lait pasteurisé, s'est en effet démarquée de cette tentative d'arrêt des travailleurs dans les unités laitières. Elle s'est déclarée «satisfaite» du montant du différentiel à verser pour le sachet d'un litre, qui est livré à sa sortie d'usine publique au prix de 23,35DA. La Cipa souhaite toutefois une juste révision dans les prochains jours en attendant un approvisionnement sécurisé du marché en poudre de lait tout en montrant du doigt les «perturbateurs» qui sont connus des services compétents. Il est notable de rappeler que le président de la Fédération nationale des producteurs de lait, Abdelwahab Ziani, avait déjà énoncé un délai aux pouvoirs publics pour se pencher rapidement sur le problème du lait, faute de quoi, avait-il averti, une nouvelle grève serait observée. L'entreprise publique Colaital, l'une des 18 filiales de Giplait, (Groupe industriel des producteurs de lait), contribue à l'approvisionnement de lait à hauteur de 270 à 300.000 litres/jour dans la région d'Alger notamment. Outre le privé «Candia», c'est la seule entreprise qui propose du lait en ultra haute température (UHT) en brique d'un litre. Cependant, Candia a déjà procédé à une réévaluation de 5 dinars du prix du lait. Sur un autre plan, certains producteurs privés assurent que les sachets de lait qu'ils mettent sur le marché se conservent mal en été. La raison: «Les équipements du froid sont à l'arrêt de 18h00 à 8h00 du matin!!!». indiquent-ils.