Les éleveurs, en difficulté, se plaignent de la cherté des aliments de leur bétail. La flambée des prix du maïs et du soja sur le marché international n'a pas été sans conséquences sur les activités des éleveurs. Ceux-ci se plaignent de la cherté des aliments de bétail. Une telle situation risque de provoquer des perturbations dans la production du lait cru en Algérie. Certains éleveurs tirent, en effet, la sonnette d'alarme parce qu'ils ne peuvent plus faire face à leurs dépenses. Ils craignent, par conséquent, que le lait qu'ils produisent ne connaisse de mévente. Car, devant un tel constat, ils seraient dans l'obligation de répercuter la hausse du prix de ces aliments sur celui du litre de lait cru commercialisé. Ils déplorent le fait que les pouvoirs publics subventionnent beaucoup plus l'importation de la matière première, à savoir la poudre de lait, que la production du lait cru lui-même. Les éleveurs de vaches laitières demandent ainsi l'intervention de l'Etat pour trouver une solution à leur problème. Sinon, ils finiront vraisemblablement par abandonner leur métier et s'orienter vers d'autres activités. Si les responsables concernés ne se penchent pas sérieusement sur leur cas, c'est toute la filière qui en pâtira. Il faut noter que ce n'est pas la première fois que la filière enregistre de telles difficultés. La fameuse hausse des prix de la poudre du lait sur le marché mondial a, pour rappel, engendré il y a quelques mois de sérieuses contraintes aux producteurs Algérie. Ce qui a perturbé la commercialisation du lait pasteurisé en sachet pendant de longs mois. La production de lait pasteurisé, qui représente 90% de l'activité des laiteries, est tributaire des importations de la poudre, sachant que le lait de vache collecté n'a qu'un taux d'intégration de 30%. Selon certaines statistiques, l'Algérie ne compte que 900 000 vaches laitières. D'où l'intérêt de continuer à importer ce produit. Or, des enjeux politico-économiques, résultant du retrait de la subvention aux exportations au sein de l'Union européenne, constituent aussi une autre raison qui a favorisé cette hausse. Les quantités disponibles sur le marché étaient durant une certaine période réduites puisque seules les unités du groupe public Giplait continuaient à le produire. Les producteurs privés, en revanche, ont décidé d'arrêter la production. Contre le risque d'asphyxie de la filière du lait, il est demandé aux autorités de mettre rapidement en place une stratégie de relance de l'activité. L'augmentation des prix au niveau international avait suscité les craintes des producteurs nationaux de lait, d'autant qu'ils sont tenus de puiser dans leurs stocks sans pouvoir remplacer les quantités utilisées par de nouveaux achats. Chaque unité, qui produit 200 000 litres de lait pasteurisé/jour, perdait à cause de la hausse des prix de la poudre qui avait atteint, il y a quelques mois, 5 035 dollars US sur les marchés internationaux plus de 3 millions de DA. La compensation financière de la part de l'Etat, tant souhaitée par ces producteurs, évitera par conséquent l'asphyxie de ces unités. En Algérie, si cette hausse des prix n'avait pas été jugulée à travers une stratégie de soutien par l'Etat au gré d'actions de subvention, elle aurait entraîné inéluctablement l'effondrement de l'ensemble du tissu industriel réalisé autour de la filière lait. Le gouvernement a toutefois pris la décision de maintenir le prix subventionné à 25 DA le sachet. Mieux, l'Etat a décidé de créer un Office national du lait pour parer aux éventuelles pénuries. Cet office aura pour mission la régulation du marché national, soit par l'importation du lait et sa distribution aux transformateurs, à des prix raisonnables ou par des subventions directes aux transformateurs du lait, lorsqu'il s'agit du sachet de lait pasteurisé. Par ailleurs, le projet de rapport sur la stratégie industrielle met l'accent sur les possibilités de développer cette filière. Elle dispose d'un large marché, la demande est évaluée à 3,5 milliards de litres/an. La consommation par habitant est évaluée au-dessus de la moyenne régionale, soit près de deux fois celle au Maroc. Cependant, le marché n'est couvert par la production nationale de lait frais qu'à hauteur de 57%. Durant toute la décennie, ce taux de couverture a stagné autour de 50%, or seuls 10% de la production de lait cru sont collectés. L'Algérie demeure donc parmi les premiers pays importateurs mondiaux de poudre de lait. Les usines publiques et privées ont une capacité de production de 2,7 milliards de litres, c'est-à-dire bien au-delà des capacités nécessaires au traitement du lait collecté ou importé. L'Etat a dégagé, en avril 2007, rappelle-t-on, une enveloppe de 15 milliards de DA pour soutenir le prix du lait sur toute l'année 2007. Une somme de 6 milliards de DA a déjà été attribuée au groupe public Giplait par le biais de sa filiale Milk Trade pour qu'il puisse importer immédiatement 20 000 tonnes de poudre lait à distribuer d'une manière équitable entre les transformateurs publics et privés. Badreddine KHRIS