Résumé de la 4e partie n Considérant que François-Marie Arouet, dit Voltaire, est athée, le curé de la paroisse pourrait refuser de célébrer ses funérailles et même de procéder à son inhumation… «Il ne reste qu'une chose à faire. Emporter Voltaire et l'enterrer à l'abbaye de Seillières, près de Troyes. Je suis certain que les bons moines ne refuseront pas de l'ensevelir en terre chrétienne ! Mais pour l'emporter si loin, il faut auparavant l'embaumer !» Et c'est ce que l'on fit : le neveu avait des amis dans les corps de métiers nécessaires, et ils vinrent à domicile pour procéder aux opérations indispensables. Un pharmacien, M. Mithouard, participait activement à l'opération lorsque le corps fut prêt à voyager, M. Mithouard demanda timidement à l'abbé Mignot : «Pourrais-je garder le cerveau du grand homme, pour ma peine ?» L'abbé consentit. Aussitôt, le pharmacien fait bouillir le cerveau de Voltaire dans l'alcool, l'enferme dans un bocal qu'il scelle soigneusement, et l'emporte à son domicile. Tout cela a lieu chez le logeur du défunt Voltaire, Monsieur de Villette. Celui-ci s'approche à son tour du neveu, et demande la permission de garder... le cœur du philosophe. Permission accordée. Le cœur est placé dans un coffret. Il fallait ensuite redonner une expression «vivante» à Voltaire. On replace la calotte crânienne, qui avait été découpée. On lui pose un bonnet tuyauté sur le crâne. On descend Voltaire jusqu'à un carrosse, qui attend discrètement dans l'ombre de la nuit. Et en route pour la Bourgogne. Le cœur de Voltaire, hérité par différents membres de la famille de Villette, finit par être déposé à la Bibliothèque nationale, qui le détient encore. Le cerveau, lui, passe aussi de génération en génération, jusqu'au dernier des descendants de Mithouard, qui meurt sans héritier. Le cerveau de Voltaire se retrouve alors... à l'hôtel Drouot, où il est vendu en 1875 à un anonyme. Qu'est-il devenu depuis ? Mystère. Et le corps de Voltaire ? On sait que le philosophe fut, sans le savoir, un des pères de la Révolution. En 1791, les autorités révolutionnaires se scandalisent du fait que Voltaire repose dans un couvent. On décide de l'exhumer pour lui donner asile au Panthéon. La cérémonie a dû être empreinte d'un certain désordre, car un inconnu s'est arrangé pour détacher l'un des pieds de Voltaire et l'emporter chez lui, sans laisser son nom. Un autre s'intéresse à ses dents et en subtilise deux. Pendant plusieurs années, il en portera une montée sur un sautoir suspendu à son cou. Même au Panthéon, Voltaire ne trouve pas le repos : en 1814, des inconnus, poussés par une frénésie antivoltairienne, pénètrent dans le monument, violent la tombe de François-Marie Arouet et s'emparent de sa momie. On ne saura rien de son destin pendant des années. Il faudra attendre le Second Empire, cinquante ans plus tard, pour savoir le fin mot de l'affaire : le fils de l'un des ravisseurs révèle que son père et d'autres violeurs de tombes avaient emporté la momie jusqu'à un terrain vague du côté de Bercy. Un trou fut creusé, et pour détruire définitivement Voltaire on l'avait enfoui, couvert de chaux vive, et on avait recouvert le tout de détritus divers. Quand on apprit la nouvelle, la «tombe» de Voltaire avait disparu dans la construction de la toute nouvelle «Halle aux vins».