Résumé de la 3e partie n Les historiens, qui avaient répertorié les différents coups et cicatrices ou tatouages du roi Henri IV mort assassiné, ne peuvent certifier que c'est sa tête. Puis c'est le crâne de Descartes que l'on passe en revue... Il ne faut pas oublier, parmi les têtes voyageuses, celle d'Oliver Cromwell, à qui nous devons la décapitation de Charles Ier d'Angleterre. Cette tête finit par échoir en héritage à un certain chanoine Horace Wilkinson, de Kettering, dans le Northamptonshire. Le chanoine, ne sachant qu'en faire, avait décidé de... la vendre. Comment était-elle arrivée là, puisque c'est Charles Ier qui avait été «décollé», et non pas Cromwell ? Lors de la restauration des Stuart, la Chambre des communes décida, pour punir Cromwell, mort tranquillement dans son lit, de déterrer son corps et de le pendre. Pour le douzième anniversaire de la mort de Charles Ier, Cromwell, qui s'en fichait certainement un peu, fut pendu pendant toute une journée. Puis le lendemain, œil pour œil, dent pour dent, il fut à son tour décapité et à nouveau enterré près de Londres. Mais la tête, elle, fut plantée sur un piquet et exposée à Westminster Hall, jusqu'à ce que la tempête se mêlât d'emporter ce pauvre reste au loin. Survient un soldat, qui trébuche sur la tête de celui qui avait fait trembler toute l'Angleterre. Le soldat, qui sait bien de qui il s'agit, ramasse la tête. Son fils puis sa petite-fille héritent de cette tête passablement parcheminée. Le mari de cette dame décide alors qu'il vaut mieux obtenir quelque argent de cette dépouille ; il trouve un amateur, un bijoutier, qui consent à l'acheter pour une somme équivalant à quelques milliers de nos francs actuels. Le bijoutier ne perd pas le sens des affaires : il revend le crâne à une association qui expose la tête, et les amateurs payent pour la voir de près. C'est là que l'ancêtre du chanoine Wikinson la rachète pour l'équivalent de 1 000 francs. De génération en génération, la tête figurera dans le mobilier des Wikinson. Le chanoine, dans les derniers temps, la garde dans une sorte de niche au pied de son lit, niche qui est d'ailleurs partagée par le chat de la maison, pas du tout impressionné. Aux dernières nouvelles, les experts pensaient qu'il s'agissait bien de l'illustre et malheureuse tête du «Lord-protecteur» qui avait obligé les Ecossais à rejoindre la Grande-Bretagne. Il serait dommage de ne pas parler des tribulations post mortem du grand François-Marie Arouet, dit Voltaire. Celui-ci s'était installé à Ferney, tout près de la Suisse, et c'est lors d'un séjour à Paris, où il venait faire jouer sa dernière pièce, Irène, que le célèbre philosophe et contestataire fut rattrapé par la camarde. Il avait quatre-vingt-quatre ans. Ses proches, notamment son neveu l'abbé Mignot, furent bien embarrassés par ce décès. Que faire ? Tout le monde savait que Voltaire faisait profession d'irréligion. Mais on ne pouvait décemment lui faire des funérailles laïques. D'autant plus que le curé de la paroisse dont dépendait son domicile parisien, près de la rue de Beaune, pourrait avoir la malencontreuse idée de refuser l'inhumation de Voltaire l'athée. Quel scandale si cela était ! Et pire encore s'il allait non seulement refuser l'inhumation, mais jeter l'illustre dépouille à la voirie ! (à suivre...)