Résumé de la 72e partie n Double chance : d'un côté, Cordelia accepte le plan d'Alvirah et de l'autre, les ravisseurs vont fournir à Willy des outils pour réparer la chasse d'eau... Alvirah déposa la valise qui contenait son dernier retrait à la banque à quatre heures moins vingt, juste à temps pour se précipiter au terminus de Port Authority, se changer et se présenter à son travail. Tout en traversant d'un pas rapide le hall du Lincoln's Arms, elle remarqua une religieuse en habit, l'air souriant, qui faisait circuler tranquillement un panier parmi les occupants du bar. Chacun y déposait quelque chose. A la cuisine, Alvirah demanda à Hank de qui il s'agissait. «Oh, celle-là ? Ouais. Elle fait la distribution aux gosses du quartier. Tout le monde lui refile un ou deux biftons, et ils ont la conscience tranquille. Elle touche leur fibre spirituelle, si tu vois ce que je veux dire.» La cuisine chinoise les changea agréablement des hamburgers. Après le dîner, Clarence ordonna à Willy d'aller dans les toilettes et de faire cesser le bruit de la chasse d'eau. Sammy l'accompagna. Willy sentit l'angoisse l'étreindre en entendant Sammy prévenir : «J'sais pas comment on répare ce truc, mais j'sais comment on le répare pas, alors joue pas au plus malin.» Bon, pense Willy, je peux peut-être faire durer les choses en attendant qu'une autre idée me traverse l'esprit. ll se mit à gratter la rouille accumulée à la base de la chasse. Ce soir-là, les commandes se succédèrent à un rythme moins rapide que la veille. Alvirah proposa à Hank de trier toutes les vieilles fiches entassées dans le carton. «Pourquoi ?» Hank parut étonné. «Pourquoi diable trier des fiches sans la moindre utilité ?» Alvirah tira sur le sweat-shirt qu'elle avait mis ce jour-là. Il portait l'inscription : J'AI PASSÉ LA NUIT AVEC BURT REYNOLDS. Willy l'avait acheté pour rire un soir où ils étaient allés au théâtre de Reynolds en Floride. Elle prit un air mystérieux. «On ne sait jamais», murmura-t-elle. La réponse sembla satisfaire Hank. Elle dissimula les fiches qu'elle avait déjà triées sous la pile qu'elle renversa sur la table. Elle savait ce qu'elle cherchait. Des commandes consistantes passées depuis lundi. Elle aboutit aux quatre mêmes chambres qu'elle avait sélectionnées précédemment. A six heures, le service s'anima. A huit heures et demie, elle avait déjà servi les repas dans trois des quatre chambres suspectes. Deux d'entre elles étaient occupées par des joueurs de cartes. Dans la troisième, on jouait aux dés. Elle dut admettre qu'aucun des joueurs n'avait l'air d'un kidnappeur. La 802 ne commanda rien par téléphone. Le migraineux et son frère avaient peut-être quitté l'hôtel. A minuit, Alvirah, découragée, s'apprêtait à partir quand Hank grommela : «J'aime bien travailler avec toi. Le gars du service de jour se barre et demain ils amènent celui qui fait les remplacements. C'est un champion pour mélanger les commandes.» Remerciant le ciel en silence, Alvirah proposa immédiatement d'assurer le service du matin, entre sept heures et midi, en plus de son habituel seize heures/minuit. Elle calcula qu'elle aurait le temps de courir dans les banques qui lui avaient promis de tenir l'argent à sa disposition entre midi et quart et trois heures. «Je serai là à sept heures, promit-elle à Hank. — Tout comme moi, grogna-t-il. Le cuisinier de jour aussi est parti.» (à suivre...)