Théoriquement et légalement, la femme peut disposer de ses biens en toute autonomie selon les dispositions du Code de la famille sans avoir à se préoccuper des charges matérielles familiales, que la femme soit mariée ou non. Elle a donc, toute latitude pour entreprendre et aspirer à un statut socioprofessionnel lui permettant d'améliorer ses conditions de vie. Néanmoins, «l'autonomie économique ne suffit pas», estime Mme Baya Zitoun présidente de l'Anfdr. Pour elle, le plus important est que ces femmes soient également convaincues de l'étendue de leurs droits. En d'autres termes, qu'«elles soient libres de les mettre en œuvre en les invoquant ou en les défendant en particulier lorsque la femme rurale est mariée.» Il faut dire qu'au jour d'aujourd'hui, il reste inconcevable dans certaines zones rurales qu'une femme puisse fonder seule une coopérative, car cela contrarierait fortement les pesanteurs sociologiques de la région, d'autant plus qu'une simple adhésion à celle-ci suppose une présence aux réunions statutaires, des déplacements et des contacts. C'est pourquoi, c'est bien souvent l'époux ou la famille qui entreprend des démarches et dicte à la femme ses comportements. Quant aux femmes rurales qui travaillent dans les exploitations de l'époux ou du père, notre interlocutrice dira que «l'absence de statut des aides familiaux ne permet aucune perspective, même à la mort de ceux-ci, faisant ainsi perdurer le caractère précaire du statut de la femme.» Les conditions sociologiques conjuguées aux lacunes dans le domaine du droit ne sont pas, à cet effet, de nature à favoriser l'émancipation de la femme rurale sur le plan professionnel. Pourtant, les effectifs des femmes en âge de travailler, représentent 65% du total de la population de sexe féminin, selon l'enquête du Ceneap. Cet état de fait confère à la femme rurale, du point de vue des enquêteurs, de grandes potentialités pour assurer un fonctionnement flexible au marché de l'emploi local.