Violences n Après une semaine d'accalmie, deux fortes explosions viennent de secouer Lahore, la grande ville de l'Est. Les deux explosions se sont produites ce mardi matin, quasi simultanément dans deux quartiers différents de Lahore. «Vingt personnes ont été tuées dans l'explosion à l'intérieur de l'immeuble de l'Agence fédérale d'investigation. Il semble qu'une bombe avait été dissimulée à l'intérieur», a déclaré le responsable local de l'Agence. Un enquêteur a cependant évoqué la piste d'un attentat suicide. «Nous croyons que le kamikaze a pénétré en voiture dans le bâtiment, heurtant le comptoir de la réception », a déclaré le responsable de l'enquête. L'immeuble de huit étages, dont la structure intérieure est mise à nu, s'est partiellement effondré sous le choc de l'explosion. Des flaques de sang et des parties de corps se mêlent aux amas de gravats et aux voitures incendiées qui étaient garées à proximité. Des piles de chaussures abandonnées par les blessés et les personnes ayant fui l'explosion étaient également visibles. La police a fait évacuer le bâtiment de peur qu'il ne s'effondre et a bouclé le secteur, tandis que des secouristes portant des brancards fouillaient les décombres et évacuaient des blessés ensanglantés. La seconde explosion a frappé les locaux d'une agence de publicité dans un quartier chic de la ville, assez éloigné, faisant quatre morts. Le 4 mars, dernier, cinq personnes avaient été tuées et 19 blessées dans un double attentat suicide dans une école navale militaire de Lahore, en plein cœur de cette mégalopole de près de 10 millions d'habitants, proche de l'Inde et jusqu'ici plutôt épargnée par les violences. Une vague sans précédent d'attentats ensanglante le Pakistan depuis des mois, revendiqués ou attribués aux militants islamistes proches d'Al-Qaîda et des talibans. Même s'ils n'épargnent pas les civils, nombre de ces attentats visent les forces de sécurité. Ces violences ne font qu'accroître l'incertitude sur l'avenir de cette République musulmane de 160 millions d'habitants, seule puissance militaire nucléaire du monde musulman. Car le pays vit déjà une crise politique majeure : l'opposition, emmenée par le parti de Benazir Bhutto et par celui de Nawaz Sharif, a largement remporté les élections législatives et provinciales du 18 février, mais le président Pervez Musharraf, à peine réélu par le Parlement sortant, refuse de quitter son poste de chef de l'Etat.