Tendance n Les stratèges militaires voudraient observer une pause dans le processus du retrait des soldats américains d'Irak. Les principaux dirigeants militaires américains ont commencé à présenter au secrétaire à la Défense, Robert Gates, leurs conclusions concernant le futur nombre de soldats requis en Irak, a déclaré, vendredi, le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. Ces discussions avec le chef d'état-major interarmées, l'amiral Mike Mullen, le chef des troupes américaines en Irak, le général David Petraeus, et le commandant de la région Moyen-Orient, l'amiral William Fallon, ont «permis au secrétaire d'entendre leurs points de vue avant leur présentation au président Bush dans les prochains jours». Le général Petraeus, l'amiral Fallon et M. Gates sont tous trois en faveur d'une «pause» dans la réduction du contingent américain en Irak, après une phase de réduction du nombre de soldats qui doit passer de 157 000 actuellement à 140 000 d'ici à juillet, a rappelé M. Morrell. «Une pause vaut la peine, afin d'évaluer l'impact du retrait» prévu d'ici à l'été de cinq brigades de combat, a fait valoir le porte-parole du Pentagone, tout en laissant en suspens la durée de ce «gel», qui reste à déterminer. Cette curieuse «prise de position» en faveur du point de vue de Bush semble être le fruit de la stratégie de la Maison-Blanche. En effet, le président américain a devancé les stratèges du Pentagone en envoyant son vice-président Dick Cheney en Irak. Bush, et lors d'un discours mercredi au Pentagone et comme s'il voulait annoncer la couleur de sa politique aux militaires, a défendu ses décisions contestées en Irak en affirmant son refus de battre en «retraite» alors que, selon lui, se dessine une «victoire stratégique majeure» contre le terrorisme. Les militaires, qui par le passé n'hésitaient pas à manifester leurs divergences face à l'intransigeance de Bush, ont-ils enfin été convaincus par le patron de la Maison-Blanche sur la nécessité de maintenir une forte présence militaire en Irak ? Étrange prise de position au moment où le nombre de soldats US tués en Irak avoisine le chiffre psychologique de 4 000 morts et au moment où les Américains descendent à nouveau dans les rues pour demander l'arrêt d'une guerre qui a trop duré et qui a coûté des milliards au Trésor américain…