Vous marchez dans la rue, soudain une première alerte. Vous avez envie d'uriner. Vous vous précipitez vers le premier café venu. Les toilettes sont encombrées, jusqu'au plafond, de casiers de limonade; vous rentrez dans le suivant, une chaîne cadenassée empêche l'accès aux WC. Et ainsi de suite. Si vous avez de la chance, si, entre-temps, vous n'avez pas pissé dans vos culottes, si vous avez atteint une toilette publique, vous êtes sauvé. La capitale de l'Algérie, qui envisage, dans un délai plus ou moins proche, de devenir une destination touristique, manque de la plus élémentaire des infrastructures, les bonnes vieilles vespasiennes, installées, quand Alger était Alger, à tous les carrefours et dont beaucoup sont à l'abandon ou ont été transformées en petits commerces improvisés. Pour les femmes, c'est pire. Et c'est au niveau de la vessie que l'on constate que l'Algérie est un pays d'hommes. Même quand elles existent, les toilettes pour femmes ne sont pas fréquentables pour les raisons que l'on devine. Une femme, pressée par sa vessie, qui n'a pas le temps de rejoindre son domicile ou de se trouver à proximité d'un hôtel 5 étoiles, est condamnée à frapper à n'importe quelle porte en espérant qu'une âme compatissante ne la lui referme pas au nez. Qu'il s'agisse de toilettes à la turque ou de chaise percée à l'européenne, le bonheur tient vraiment à bien peu de chose.