Il était une fois un pêcheur qui vivait dans une grande misère. Il priait tous les jours pour que Dieu l'en sortît, mais rien ne semblait changer dans sa vie et il continuait à souffrir de la faim, du froid et de la misère sous toutes ses formes. Il dépendait de sa pêche qui n'était jamais bien riche. Chaque matin, il espérait faire bonne prise mais, la plupart du temps, il n'attrapait rien ; il était affamé. Ainsi le temps s'écoula péniblement sans que rien n'advînt jusqu'au jour où, justement, il jeta son filet et, à sa grande surprise, tira une grande caisse. Il cria, surpris : — Mon Dieu ! Cette caisse doit contenir un grand trésor. Je vais vite l'ouvrir. Mais, à sa grande déception, il n'y trouva qu'un petit singe. — Ah ! Mon Dieu, que ne m'envoies-tu que de fausses joies. Cette si grande caisse pour un si petit singe. Mon Dieu, pourquoi m'envoies-tu une bouche de plus à nourrir ? Comme il connaissait bien la faim, il n'eut pas le cœur à rejeter le pauvre singe à la mer et décida donc de le garder auprès de lui. Et depuis, quand par miracle, il réussissait à attraper un poisson, grand ou petit, il le partageait avec son petit singe. Ainsi, le pêcheur faisait son travail et le singe se prélassait au soleil après avoir fait quelques pirouettes par-ci, par-là. Un matin, très reconnaissant envers son maître, il décida d'agir afin de trouver un moyen pour le remercier dignement d'être un homme si bon. Il se rendit donc au palais du Sultan, grimpa jusqu'à la chambre de la princesse et se mit à grimacer pour la faire rire. Il réussit. Au moment de s'en aller, la princesse heureuse d'avoir reçu une telle distraction, lui jeta une pièce d'or qu'il prit sans hésiter. Il la rapporta immédiatement à son maître. En voyant cela, le pêcheur sauta de joie et ne demanda même pas à son singe d'où venait ce louis ; il en fit cependant bon usage. Et chaque jour, le petit singe rapportait à son maître une pièce d'or qu'il obtenait ainsi en amusant la princesse. Chaque fois, le pêcheur savait la dépenser. Mais réflexion faite, le petit singe trouva préférable de constituer un petit trésor. Il fit ainsi pendant longtemps car il avait une idée derrière la tête. Son trésor prit taille assez vite. Un jour, il se rendit chez la princesse pour son rôle habituel et lui annonça avant de partir : — Adieu merveilleuse princesse ! Je quitte le pays dès demain. — Comment ? dit la jeune fille d'une voix affligée. Mais où vas-tu petit singe ? Reste avec moi. Tu m'amuses tant et je t'aime si fort. — Mon Dieu, je ne peux pas vivre avec toi, je suis le singe du Grand Prince de Chine et je ne veux point le quitter. — Le Grand Prince de Chine ? Moi-même la fille du Sultan, je n'ai jamais entendu parler de cette illustre visite dans notre pays ? s'étonna la princesse. — C'est normal, il est ici de façon anonyme et secrète. — Et pourquoi serait-il venu ici, si personne ne le sait ? — Ecoute-moi princesse, je vais te révéler le secret de ses longs voyages à travers de nombreux pays : il est à la recherche d'une épouse digne de lui, or jusque-là, il n'en a pas trouvé, expliqua le singe. — Et moi ? Crois-tu que je serais digne de lui, même s'il est le Grand Prince de Chine ? osa la fille du Sultan. — Sans doute, mais je ne sais pas. Le mieux serait que je vous organise un rendez-vous en lui faisant offrir une petite invitation au palais, conclut l'astucieux animaI. Elle est partie, je suis venue ! (à suivre...)