Les droits des pêcheurs pauvres de récolter et de gérer les ressources des mers, des lacs et des fleuves doivent être renforcés, si l'on veut lutter efficacement contre la pauvreté, et réduire la surexploitation des pêcheries côtières et continentales menacées. "On ne peut nier que la pêche joue un rôle en aidant les populations les plus pauvres du monde à se nourrir et à conjurer la misère, mais nos études montrent que, malgré tout, de nombreux petits pêcheurs vivent encore dans la pauvreté et que leurs communautés sont affligées de problèmes sociaux et sanitaires", a déclaré le responsable du Département des pêches et de l'aquaculture de l'Organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) Il faut redoubler d'efforts pour affronter les divers facteurs qui sous-tendent cette réalité, faute de quoi ces communautés continueront à vivre dans la misère, au jour le jour, dans l'incapacité de gérer les stocks de poisson locaux explique-t-on Le profil de la pauvreté au sein des communautés de pêcheurs varie d'un endroit à l'autre mais ses manifestions ont des dénominateurs communs. Les petites communautés de pêche vivent dans des conditions souvent précaires, marquées à la fois par la promiscuité, de faibles niveaux d'instruction et un manque d'accès aux services comme les écoles et les soins de santé et aux infrastructures telles que routes ou marchés. L'accès aux sites de pêche n'est pas toujours garanti, et les autres possibilités d'emploi sont rares. Le régime foncier est également un problème, car de nombreux pêcheurs ne détiennent pas de droits de propriété sur les terres où ils vivent. Par ailleurs, la pêche est un des métiers les plus dangereux du monde, ce qui veut dire que les quelques malheureux biens que possèdent les familles - embarcations et matériel de pêche - sont constamment à risque. Et c'est le drame quand un membre actif de la famille décède pour cause de maladie ou des suites d'un accident. La pauvreté et la vulnérabilité au sein des communautés de pêcheurs, ainsi que d'autres facteurs comme leur niveau élevé de mobilité, les exposent à d'autres problèmes. Les études de la FAO montrent que les taux d'infection par le sida au sein de ces communautés dans de nombreux pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique centrale peuvent être de 5 à 14 fois supérieurs à ceux du reste de la population. Outre le coût en pertes de vies humaines, la pauvreté au sein des communautés de pêche nuit également à la gestion des stocks dans les eaux côtières et continentales, stocks dont dépendent les petits pêcheurs. La gestion des stocks locaux dans nombre de ces zones ne pourra être améliorée tant qu'on ne s'emploiera pas davantage à lutter contre la pauvreté. Les pauvres ne sont pas en mesure de défendre leurs intérêts pour garantir leur accès aux stocks de poisson. Selon la FAO, affronter les questions d'éducation, de revenus et de santé aiderait non seulement à lutter contre la pauvreté et les problèmes sociaux, mais présenterait aussi l'avantage de faciliter la résolution des problèmes liés à la pêche. Parallèlement, en garantissant aux pêcheurs artisanaux un accès légal clairement défini aux lieux de pêche et en leur accordant de plus grandes responsabilités dans la gestion des pêcheries locales, on faciliterait la résolution des problèmes de mauvaise gestion et de dégradation des stocks. Ces efforts devraient être associés à des initiatives de formation. Il convient de rappeler que les 131 pays, dont l'Algérie, ayant participé à la 27e session du Comité des pêches de la FAO en mars dernier avaient envisagé des solutions efficaces aux problèmes de pauvreté et d'ordre social au sein des petites communautés de pêcheurs. Préconisant l'adoption des principes des droits de l'homme dans le développement social et d'une " approche fondée sur les droits des pêcheurs dans la gestion des pêches artisanales ", les participants avaient attiré l'attention sur certaines considérations liées à la pauvreté et invité la FAO à les aider à organiser une grande conférence internationale sur ce thème.