Sociologues et psychologues se sont, de tout temps, penchés sur les chamboulements que connaît la société algérienne depuis quelques années. Au sujet de l'ampleur prise par le phénomène des bidonvilles, le Dr Mahieddine, doyen de la faculté de sociologie de l'université Saâd-Dahlab de Blida, nous a, dans un entretien téléphonique, certifié que les causes de cet état de fait sont multiples. «Je ne ferai preuve d'aucune originalité en disant que la décennie sanglante qu'a connue le pays a laissé des traces indélébiles sur le citoyen algérien et son psychisme. En outre, c'est cette même décennie qui est à l'origine de l'énorme exode rural qu'a connu le pays. Cela dit, et pour ne pas trop focaliser mon intervention sur le terrorisme et ses conséquences désastreuses, je dirais que le fait que la ville dispose de bien plus de commodités modernes de vie que la campagne, a fait qu'elle constitue le point de chute des citoyens, particulièrement de la frange juvénile laquelle voit en elle le sésame de ses problèmes. Il y a lieu d'ajouter que les plans de développements ruraux ne sont pas à la hauteur. Du moins, ils n'ont pas été appliqués de la manière susceptible de faire baisser le chômage dans ces zones-là. Si l'on veut que les gens ne quittent pas leurs régions d'origine, il est vital de leur donner les moyens à même de les dissuader de les quitter. Dans ce registre, j'ai en mémoire les émeutes qui se sont produites dans la région de Gassi Touil au sud du pays. Les jeunes se sont révoltés parce qu'ils ont estimé que les opportunités d'emploi n'étaient pas suffisantes. Selon eux, au cas où ces dernières existeraient, elles ne pouvaient que profiter à des personnes étrangères à la région.»