Composition n La 2e édition du Printemps des poètes, entamée le 30 mars, a pris fin, jeudi, au Centre culturel français d'Alger. La clôture de ce rendez-vous poétique qui s'attelle, et ce depuis deux années, à devenir une tradition et, en conséquence, à s'inscrire dans l'agenda culturel, a été marquée par une performance mêlant poésie et musique. Le montage poétique et musical était centré autour d'extraits de poèmes d'Omar Khayyam – poète persan ayant vécu entre le IXe et le Xe siècles – avec lesquels Simone Hérault nous a fait voyager, donnant un visage à chaque mot récité, créant un imaginaire joyeux et parfois lyrique, et partageant ses enthousiasmes littéraires autour de sa voix, voix qui raconte des émotions, décrit une situation poétique. La lecture de ces poèmes était ponctuée d'un accompagnement musical signé en sitar (instrument à cordes) et camanché (percussion) – il s'agit d'instruments persans – par Athar Torabi ; celui-ci se prêtait au jeu en déclamant dans un rituel religieux quelques poèmes en farsi (langue persane). Il déclamait comme s'il psalmodiait, tel un prêtre des temps païens, des versets liturgiques. Il disait cette poésie comme s'il célébrait un culte millénaire. Le tout était rendu sensible avec autant de passion que d'exaltation par le jeu musical qu'il avait exécuté avec tant de délicatesse que de sincérité, d'application que de teneur. Tantôt en français, tantôt en persan, la poésie d'Omar Khayyam, emplie de beauté comme chargée de largesse et d'allégresse, a été dite dans une attitude langagière déclamatoire, privilégiant à cet effet l'élégance de l'accent, la mesure de l'élocution, et le rythme de l'inflexion vocalique. En effet, Simone Hérault comme Athar Torabi ont dit cette poésie à voix pleine, une poésie tant expressive qu'imagée, avec le sens de la représentation, c'est-à-dire de manière à la faire voir et notamment ressentir. L'ouïe ne cherche pas à percevoir le contenu sémantique du poème, mais à en saisir son essence, à s'imprégner de sa musicalité et à se fondre dans cet imaginaire tant poétique qu'éthéré. Précieuse, la poésie d'Omar Khayyam est apparue comme une poésie pleine d'ivresse comme de sagesse. Ivresse, parce que l'on s'en abreuve de la même manière qu'on se désaltère avec un breuvage enivrant. Elle est aux saveurs d'un élixir rare et aux effets capiteux. Sagesse, parce qu'elle est attentive à l'homme, elle interroge l'univers. Sa poésie est quête de soi comme celle de l'autre. Une exploration de la vie, de ses secrets et de ses mystères. Enfin, comme les pétales de tulipe, la poésie d'Omar Khayyam, apparaissant également comme une ossature de mots idolâtres tant elle interpelle la Création qu'elle exalte la jouissance, le vin et l'ivresse, est semblable à des baisers fougueux. Il est à souligner que le Printemps des poètes, une manifestation initiée par le Centre culturel français d'Alger et en partenariat avec des acteurs locaux (l'université de Blida et de Bouzaréah, l'Institut supérieur algérien de la traduction), a vu la participation de nombreux poètes aussi bien algériens qu'étrangers (France, Slovénie, Malte, Canada, Catalogne, Maroc, Syrie, Islande). En marge des récitals poétiques, des conférences et des ateliers d'écritures y ont eu lieu.