Résumé de la 3e partie n Pour un scoop, c'en fut un. Bogousslevsky, l'auteur du vol, convoque une conférence de presse pour expliquer son geste… Une avocate consent cependant à s'occuper de l'affaire. Le juge d'instruction, lui, se repose dans une station balnéaire. Maintenant que le ravisseur a rendu l'Indifférent, tout le monde se demande... s'il s'agit bien de la peinture de Watteau ou s'il s'agit d'une habile copie. Le sous-directeur du Louvre examine le tableau et annonce : «C'est bien le nôtre.» L'Indifférent rejoint le musée. BogoussIevsky rejoint la prison de la Santé. Devant le juge d'instruction, le peintre ravisseur renouvelle l'exposé des raisons qui l'ont conduit à dérober le tableau. Il renouvelle ses déclarations indignées contre les restaurateurs abusifs. Il ajoute même un détail. Alors qu'il décrochait l'Indifférent du mur un visiteur intrigué s'est approché et lui a demandé : — «Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? — Vous le voyez bien. Je décroche ce tableau ! — Ah, vous travaillez même le dimanche ? — Hélas !», a répliqué BogoussIevsky dans un soupir. L'inconnu, devant une réponse aussi implacablement logique, a pensé qu'il était en présence d'un des employés du musée et s'est éloigné. Il ne viendra pas se vanter de son manque d'à-propos... Quelqu'un d'autre a été témoin du voI. Une amie de BogoussIevsky se promenait devant le Louvre au moment où le voleur en est sorti, l'Indifférent sous le bras : — «Oh ! Serge ! Quelle bonne surprise ! Qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce que tu as sous le bras ? — Un tableau. — As-tu un peu de temps ? On pourrait faire quelques pas ensemble, histoire de prendre l'air.» BogoussIevsky accepte la balade, bien qu'il ait surtout envie de se réfugier chez lui, loin de tous les dangers. On apprend à connaître Serge, fiIs d'un tailleur, orphelin de mère, dont le papa s'est remarié. Serge est un passionné de lecture, et ce sont les écrits de Baudelaire qui lui font découvrir Watteau. La peinture n'arrive qu'assez tard dans sa vie. Apprenti plombier, garçon de café, ouvreur de cinéma, il finit par être retoucheur en photographie. C'est alors que la passion de la peinture s'empare de lui. Il fréquente désormais le Louvre, étudie et copie les grands maîtres qu'il admire. Et Watteau l'emporte dans le tourbillon d'une passion ravageuse. Il sacrifie tout au maître de Valenciennes. Ses amis essayent, comme ils peuvent, de soulager sa misère. Son ami Desprès avoue que, étant allé un soir lui rendre visite, il avait découvert que l'Indifférent était là. A présent que le tableau est retrouvé, il faut examiner l'ampleur des dégâts. Certains experts admettent que l'Indifférent avait cruellement besoin d'être déverni et retouché... par un spécialiste diplômé, et non par n'importe quel fou furieux, badigeonneur du dimanche ! Le verdict définitif tombera : «Le tableau a été gravement endommagé.» BogoussIevsky passe devant ses juges le 10 octobre 1939. Le procureur le charge et l'accuse d'avoir dérobé le tableau dans l'espoir d'en tirer un bon prix, puis de l'avoir restitué devant l'impossibilité de trouver un acheteur. BogoussIevsky s'excuse des erreurs qu'il a pu commettre en essayant de redonner à son Indifférent la fraîcheur du temps passé. Il est condamné à deux ans de prison et à 300 francs d'amende. Il fait appel. Mauvaise idée : on le condamne à quatre ans... Le plus curieux, si l'on peut dire, c'est qu'au moment du procès tous les tableaux du Louvre ont disparu, et personne ne peut en voir aucun. Ils sont mis à l'abri dans des cachettes secrètes, loin des bombes et des envahisseurs. Le seul qui soit encore visible c'est, au Palais de justice,... l'Indifférent.