Résumé de la 2e partie n Après le vol de l'Indifférent de Watteau qui reste introuvable, la police prend plusieurs dispositions de sécurité qui s'avèrent inefficaces... Et puis, la presse a de nouveaux sujets de plaisanterie à commenter : c'est le début de la guerre, qu'on croit fraîche, courte et joyeuse, mais qui va durer cinq ans... Soudain, le 14 août, coup de théâtre : des appels téléphoniques anonymes convoquent les journalistes au Palais de justice, pour assister à quelque chose de «sensationnel». Tout le monde est là. A l'heure dite, un peintre famélique, si maigre qu'il n'a pas l'air vrai, arrive entouré de quatre avocats. Sous son bras, Serge-Claude Bogousslevsky, puisque tel est son nom, tient l'Indifférent. Le vrai, celui qui a été dérobé dans le musée. «Si j'ai dérobé l'Indifférent, c'est parce que je suis scandalisé. Voilà un an que je viens le copier, et chaque jour j'enrage davantage devant les outrages que les restaurateurs ont infligés au chef-d'œuvre de Watteau. Il est réduit à l'état de caricature. Regardez la joue, regardez le bras, regardez la jambe. Tout est sale. Alors, devant un tel scandale j'ai décidé de m'atteler à une restauration correcte de ce chef-d'œuvre. Mais j'ai été contraint de le voler. Si j'avais simplement demandé au musée de me laisser restaurer le tableau, bien évidemment on m'aurait refusé l'autorisation.» C'est évident, en effet. Bogousslevsky, qui n'a que vingt-quatre ans, continue ses explications : «Je suis donc venu jour après jour et, profitant des absences du gardien, chaque fois je tordais un peu plus le fil de fer qui retenait l'Indifférent au mur. Un beau jour, le fil de fer s'est rompu. Je n'avais plus à attendre. J'ai mis le tableau dans un journal, et je suis sorti.» Bogousslevsky devient lyrique pour raconter son bonheur ineffable au moment où il a accroché l'Indifférent à la tête de son lit, dans sa chambrette, qui est située tout près du quartier général de la police. Désormais, il va pouvoir réparer des restaurateurs l'irréparable ouvrage, sinon l'outrage. Comme il faut bien que ses restaurations prennent le temps de sécher, Bogousslevsky se met à écrire un livre : «Pourquoi j'ai emprunté l'Indifférent de Watteau au Louvre.» Il écrit et il nettoie. Il efface un diabolo que l'Indifférent était en train d'envoyer en l'air, et qui lui semble superflu. Il enlève un passage goudronné sur le tableau, et met au jour un feuillage inconnu qu'il qualifie de «céleste». Mais, tout en s'activant, il se pose des questions sur la manière dont son geste sera interprété quand il rendra le tableau au musée. Le pronostic est sombre. Plutôt que d'aller en prison, le peintre restaurateur envisage de se pendre, ou bien de se jeter dans la Seine, ou dans quelque précipice fatal. Un jour, il décide qu'il est temps de remettre l'Indifférent à sa place. Tout d'abord, explique le ravisseur, ce pauvre juge d'instruction «risquerait, si j'attendais plus longtemps, de ne pas pouvoir prendre ses vacances d'été en temps voulu»... La seconde raison est de soulager ScotIand Yard, car les policiers britanniques se sont donné énormément de mal pour retrouver l'Indifférent en Grande-Bretagne ; autant les libérer eux aussi. La troisième raison est de permettre aux policiers français de se consacrer entièrement aux tout nouveaux problèmes de la Défense nationale. Bogousslevsky raconte alors qu'il a confié son «forfait» à un acteur de ses amis, Richard Desprès, et que celui-ci lui a conseillé de consulter un avocat. Mais c'est la période estivale, et ils ont du mal à en trouver un. (à suivre...)