Risque n La communauté internationale redoute que si l'attente des résultats se prolonge, la situation ne dégénère comme au Kenya, où 1 500 personnes ont été tuées après l'élection présidentielle. Le Zimbabwe espère qu'une décision de justice attendue jeudi prochain mette un terme au suspense sur la présidentielle du 29 mars, dont les résultats restent inconnus malgré les appels de la communauté internationale pour obtenir leur publication. Un tribunal de la capitale Harare doit se prononcer sur la requête du parti de l'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), qui exige la publication immédiate du décompte des voix. Le juge s'est déclaré compétent, hier, pour juger du calendrier de l'annonce des résultats. Le parti de l'opposition estime que, 10 jours après le scrutin, il est grand temps de connaître l'issue de l'affrontement entre notamment le chef de l'Etat Robert Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, et le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, 56 ans. A l'inverse, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), parti au pouvoir qui a perdu sa majorité à la chambre des députés, demande un nouveau comptage des bulletins de vote, arguant d'irrégularités commises par les agents électoraux. Sept d'entre eux ont d'ailleurs été arrêtés depuis le début du décompte, a annoncé, hier soir, le porte-parole de la police nationale. Craignant que ces retards ne dissimulent des manipulations, Tsvangirai a d'ores et déjà revendiqué sa victoire à la présidentielle au premier tour, alors que le régime semble affûter ses armes avant un second tour qui reste à confirmer. Le président Mugabe a ainsi repris son credo habituel sur l'opposition, accusée d'être un agent de l'ancienne puissance coloniale, qui dans sa rhétorique cherche à recoloniser le pays. «La terre doit rester entre nos mains. Cette terre est la nôtre, elle ne doit pas revenir aux Blancs !», a-t-il lancé lors de funérailles familiales, a rapporté le quotidien d'Etat The Herald. En trois jours, une trentaine de fermes encore détenues par des Blancs ont été envahies par des partisans de Mugabe. Dans certaines régions, la situation est rentrée dans l'ordre, mais pas partout. La communauté internationale redoute que si l'attente pour les résultats se prolonge, la situation ne dégénère comme au Kenya, où 1 500 personnes ont été tuées après les élections contestées de décembre. Sur le plan diplomatique, Washington et les Nations unies ont renouvelé, hier, leurs appels pour la publication rapide de ces résultats, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelant «tous les acteurs à (...) faire preuve de calme et de retenue».