Scène n La troupe indépendante du Nouveau Théâtre de la ville des Issers (Boumerdès) a présenté, hier, au théâtre national L'Ambassadeur. Si la pièce porte cette référence intellectuelle, il se trouve qu'elle se veut aussi une comédie. La pièce est une caricature, donc une critique du pouvoir politique. Cela revient à dire que la pièce se déroule sur fond comique. L'histoire, qui raconte des personnages composés évoluant dans un décor figuratif, se déroule dans une ambassade où un citoyen local fait irruption et demande à l'ambassadeur, en compagnie d'un représentant de l'autorité locale, de lui accorder l'asile politique. L'ambassadeur, et à la demande de l'autorité locale, refuse de livrer le réfugié aux concernés. Conséquence de ce refus, l'ambassadeur subit toutes sortes de pressions : coupure d'eau, d'électricité… Et c'est à ce moment là que la problématique de la liberté est abordée notamment avec philosophie : de quelle manière faut-il assumer ses décisions et ses responsabilités ? Le fait d'assumer ses actes, quelle que soit leur nature, serait-il un geste de liberté ? La pièce théâtrale L'Ambassadeur sera présentée également au public ce mercredi (19h) et demain jeudi (15h) au Théâtre national. La pièce a été écrite, dans les années 1930, par le polonais Slawomir Mrozek, et est adaptée et est mise en scène par Chentouf Abdelghani. Interrogé sur la pièce, Chentouf Abdelghani a dit : « A l'origine, la pièce est radiophonique, et moi je l'ai reprise et l'ai adaptée à la scène, en la réécrivant, sans toutefois intervenir sur le déroulement de la trame ou modifier quoi que ce soit. L'adaptation n'a certes pas été facile, parce que pour ce faire il faut rendre compte de la dramaturgie du texte.» S'exprimant ensuite sur le choix de la pièce, le metteur en scène a expliqué : «Si je me suis intéressé plus particulièrement à cette pièce, c'est parce qu'elle revêt une dimension universelle. C'est un texte intemporel et peut renvoyer à n'importe quelle société.» Et d'ajouter aussitôt : «Les événements de la pièce se déroulent en Pologne comme ils peuvent également se dérouler dans n'importe quel pays, même en Algérie. C'est une pièce qui n'a ni frontière ni nationalité. C'est une pièce qui, une fois adaptée, a des propriétés locales, mais toujours avec cette réminiscence universelle.» Le metteur en scène tient, en outre, à préciser que lors de son travail d'adaptation – un travail qui ne signifie pas, pour lui, un travail de création – a agi de manière à conférer à la pièce une nature et une individualité algérienne. « Le texte reste le même, mais avec une empreinte algérienne, je l'ai inscrit dans un vécu algérien», a-t-il dit. l Revenant sur le choix de la pièce, Chentouf Abdelghani a souligné que, outre son intemporalité, donc son universalité, le texte, du point de vue thématique, aborde la problématique de la liberté, donc du rapport de l'individu au pouvoir. Ce sujet reste en étroite relation avec l'homme. Cela revient à dire que la pièce est liée à l'homme. «L'auteur développe dans cette pièce une philosophie portant sur la liberté», a indiqué le metteur en scène pour qui ce texte ne se résume pas simplement à une composition de mots, mais il est une philosophie en soi. Et de relever : «Le texte s'interroge : qu'est-ce que la véritable liberté ? Serait-elle l'acquisition de soi ? Serait-elle le fait ?» Mais il explique aussitôt qu'il ne cherche d'aucune manière à véhiculer un message ou apporter une quelconque signification. «Ce que je fais, c'est de faire voir des situations et d'aborder des idées, et c'est au public de lire et d'interpréter la scène selon sa compréhension», a-t-il dit. Ainsi, l'universalité du texte, la thématique exposée et développée ainsi que la dramaturgie que recèle la pièce – c'est-à-dire l'écriture qui est, pour le metteur en scène, puissante et représentative – constituent manifestement les raisons qui ont motivé Abdelghani Chentouf pour qui, cette pièce, constitue son premier travail d'adaptation et de mise en scène. «Je suis de formation en scénographie, mais très vite j'ai été attiré par la mise en scène qui est une façon, pour moi, de donner vie sur scène à un texte, puisque le théâtre est la vie sur les planches», a-t-il souligné.