InfoSoir : Toutes les filles sont branchées «mode», les riches, les pauvres, les belles…, les moins belles…, pourquoi ce phénomène ? Le Pr Ali Arab : C'est simple, c'est la mondialisation et l'effet des médias. Aujourd'hui, les apparences sont une nécessité et un critère de jugement et de valorisation surtout chez les adolescentes. Cependant, il y a deux tendances les occidentalisées et les orientalisées. Le facteur socioculturel de groupes sociaux joue un grand rôle. Je cite l'exemple des grandes villes, du Nord et du Sud. Mais aussi des régions. Il est rare par exemple de trouver une fille portant le hidjab à la mode en Kabylie, comme il est rare de trouver une fille portant un décolleté à Ghardaïa (Beni M'zab )… Pourquoi cette contradiction : une société appelée conservatrice où s'habiller à la mode touche tout le monde ? ll L'ancienne génération n'y peut rien. Et puis d'abord l'effet des médias et de la publicité est ravageur. Il existe aussi un autre facteur celui des contraintes sociales. Aujourd'hui par exemple, les apparences sont devenues un attrait très important dans les relations sociales (amitié, mariage, affaires….). Donc, rien n'empêche que tradition rime avec modernité. Peut-on avoir une mode «locale» inspirée de nos traditions ? ll Quelles traditions ? Depuis quand avons-nous des traditions algériennes ? Un exemple : le fameux «hayek» algérien est d'origine turque, la «chéchia stamboule» est d'origine turque… quelles spécificités avons-nous ? rien… Et puis d'abord la mode séduit les Algériens depuis longtemps. Jusqu'à dans les années 70 beaucoup de filles se mettaient en minijupe. C'est seulement après l'avènement de la décennie noire que tout a été «tabouisé» par les islamistes. C'est ce qui a freiné le rythme «naturel» du progrès dans tous les domaines y compris celui de la mode… *Ali Arab : professeur de sociologie à l'université d'Alger.