InfoSoir : Peut-on parler d'une vraie «obsession» de nos jeunes pour une voiture ? Mlle Farida S. : Je n'utiliserais pas le mot obsession, je préfère plutôt le mot «rêve». Car quand on parle d'une obsession on inclut la possibilité pour un jeune de posséder une voiture. Alors que pour beaucoup de jeunes ça reste toujours inaccessible. Sinon, comment expliquer que les riches n'ont pas cette «flamme». Tout simplement, parce qu'ils peuvent se permettre ces voitures et donc ni l'envie ni la passion n'existent chez eux. C'est plutôt les jeunes citadins pauvres qui se brûlent les neurones en attendant un miracle ! A quoi est due cette tendance à se focaliser sur une voiture ? Pour un jeune et surtout un adolescent, les relations, les échecs et les réussites dans une société restent toujours un miroir. L'adolescent est en train de chercher un modèle qui lui procure le respect de son entourage et le seul critère (selon la société) qui pourrait lui garantir cette image, reste le matériel. Car lui aussi constate que les jeunes véhiculés sont les plus chanceux dans les relations affectives, surtout. très impulsif à son âge, il pense que lui aussi doit posséder une voiture pour réussir. cette réalité erronée qui a un certain niveau est accentuée par les médias où la voiture joue toujours un rôle important dans la considération de la personne. Quelles sont les conséquences d'une telle tendance ? Malheureusement, cette tendance existe dans toutes les cultures du monde. Elle est un peu zélée chez nous. Les conséquences d'une telle réalité c'est souvent une perte des valeurs morales chez les jeunes qui ne donnent qu'une seule notion au bonheur et à la réussite : celle de l'argent et des apparences. Dans le cas de la voiture, le jeune verra ses sentiments se «matérialiser» et cela aura des conséquences même à sa maturité où il accordera davantage d'importance aux choses matérielles. Il y a aussi le facteur de la déception et de l'échec. Un jeune qui rêve d'une voiture, mais qui ne peut pas en posséder une, gardera les séquelles de l'échec et de la jalousie envers ceux qui (dans sa situation) ont pu, un jour, en posséder. Il est à rappeler enfin que dans le cas des jeunes Algériens (même s'il n'existe pas d'études dans ce sens), le but de posséder une voiture reste toujours celui d'impressionner, de prouver à son entourage (souvent ses rivaux) qu'il est capable, mais il ne rêve pas de posséder une voiture pour son utilité.