Evidence n L'activité de soins génère des déchets de toutes natures dont le caractère infectieux et toxique n'est pas sans risque pour la santé humaine, liés à leur collecte, leur stockage et leur traitement. La plus grande anarchie règne dans ce secteur censé être le fief même de l'hygiène et de la propreté. Nos établissements de santé sont actuellement confrontés à un problème crucial de collecte et d'élimination des déchets très hétérogènes. L'étude réalisée en 2006 par le ministère de la Santé conjointement avec le bureau d'études AC'Sees sur les déchets hospitaliers et confortée par celle de 2007 réalisée par un autre bureau d'études français avec la collaboration d'experts algériens, a établi que dans près de 42% des établissements sanitaires algériens le matériel d'incinération est en panne. Cette méthode qui est très dangereuse car elle se fait sans le traitement de la fumée dégagée, a pratiquement disparu, rappelons-le, sous d'autres cieux plus cléments. Ceux qui sont en marche, cependant, révèlent d'autres imperfections aussi dangereuses que le risque que représente l'accumulation de ces déchets avant d'être traités, dont 57 tonnes sont des déchets d'activité de soin à risque infectieux (DASRI). En effet, 45 établissements parmi ceux audités font ressortir qu'il reste souvent, après incinération, des déchets identifiables, mais mis en décharge publique. Ce qui, de l'avis de Djalel Touhant, praticien inspecteur, est très dangereux. L'autre réalité révélée par cette étude est celle du personnel qui s'occupe de l'incinération qui, selon les inspecteurs ayant participé à ce travail, n'a un équipement adapté à sa fonction que dans 29 établissements, ce qui revient à dire que trois travailleurs sur quatre n'ont aucun matériel de sécurité dans l'exercice de leur travail. La filière d'élimination des déchets d'activité de soins n'est ni organisée ni structurée, et encore moins sécurisée dans l'ensemble des établissements hospitaliers audités, selon l'étude. Il existe un manque flagrant de matériel pour les équipes soignantes, le manque, voire l'absence totale de formation pour l'ensemble des gestionnaires impliqués dans la filière élimination de ces déchets, affirme, pour sa part, notre interlocuteur. Ce dernier insiste, notamment, sur le risque de transmission nosocomial lié à ces déficits. A cet effet, il plaide pour une «restructuration dès la production du déchet en instituant le tri à la source dans des emballages répondant à certaines normes, dans des locaux sécurisés avec du matériel adapté à la fonction». Lire demain notre dossier «Gestion des déchets : Une expérience unique à Annaba».