Feuilleton n Le feu de braise de l'affaire de tentative de corruption présumée des dirigeants du MCO sur leurs homologues de l'OMR ne s'étant pas encore éteint, qu'une autre affaire vient éclabousser le football algérien dont les responsables affichent une indifférence déconcertante. Et dire qu'en France les propos racistes d'un simple supporter ou une banderole portant des slogans du même genre ont mis en branle le football et la classe politique de ce pays. Récupération ou pas, exagération ou prise de conscience, l'essentiel est que la machine juridico-médiatico-politique s'est emparée de ces affaires et des sanctions sont déjà tombées et d'autres vont arriver. Qu'en est-il chez nous des suites données aux déclarations fracassantes et graves en même temps, faites par Abdenour Souilah, le manager sportif de l'OMR à propos de la tentative de corruption du président du MCO Youcef Djebbari, la veille du match opposant les deux équipes. Les auditions traînent en lenteur du côté de la ligue nationale de football (LNF) et de la commission de l'éthique de la Fédération algérienne de football (FAF). Samedi, c'était au tour du capitaine des Hamraoua Moulay Haddou d'être entendu par lesdites commissions du fait qu'il aurait pris contact, selon certaines accusations, avec Belhadj-Djillali de l'OMR pour «arranger» le résultat de ce match. Ce que niera en bloc l'ex-international oranais rejoignant ainsi la position de son président qui, au passage, se contredira en affirmant qu'il avait croisé par «pur hasard» Souilah à l'hôtel El-Djazaïr alors qu'auparavant il avait été catégorique en déclarant qu'il n'avait jamais mis les pieds dans cet établissement et qu'au moment des soi-disant faits il se trouvait avec son équipe à l'hôtel El-Forsane de Baraki. Ces déclarations troublantes et compromettantes n'ont apparemment pas encore convaincu la LNF dont le président, Ali Malek, avait promis de transférer le dossier à la justice dès qu'il sera ficelé et dans les plus brefs délais. Mais il y a lieu de se demander : quelles autres preuves attendent les instances du football pour enclencher la machine judiciaire ? Souileh ne s'est-il pas fait Glassman (c'est le joueur qui était derrière l'affaire de corruption du match Valenciennes – Olympique de Marseille qui a entraîné de lourdes sanctions au club phocéen et à ses dirigeants) ? Sachant que de telles révélations risqueraient de porter un sacré coup à sa réputation et à son statut social et dans le milieu du football. Pour ceux qui ne connaissent pas l'homme et le joueur qu'était Souilah, ce dernier traîne déjà derrière lui une réputation d'élément qui dérange, là où il est passé. Sera-t-il jeté en pâture pour sauver les intérêts des uns et des autres et d'éviter d'éclabousser de hauts responsables du monde du football et des cercles décisionnels occultes qui tirent les ficelles dans le football algérien ? Ce n'est pas du tout une tendance à écarter. La preuve est que depuis l'indépendance aucune affaire de corruption n'a jamais abouti dans un milieu où l'omerta finit toujours par l'emporter. Y compris au sein des instances qui gèrent le football et qui sont censées le protéger et le promouvoir. Les instances sont infiltrées et les taupes sont partout, n'est-ce pas un Algérien qui a vendu la mèche dans l'affaire Karouf en 1994 et qui a coûté à l'Algérie une disqualification à la CAN en Tunisie la même année. «Tout se vend et tout s'achète», avait déclaré, il y a quelques semaines, l'ex-arbitre international et président de l'Association nationale des arbitres de football (ANAF). Des dirigeants officiels du football (et là on pense à Nacerddine Baghdadi, ex-membre de la FAF) ont même avancé le barème des coûts fourrés allant de ce que peut coûter un carton jaune jusqu'au montant d'une victoire, en passant par un penalty imaginaire ou une fausse déclaration sur une feuille de match.