Bonne nouvelle ! Le buste en marbre de l'empereur et philosophe stoïcien, Marcus Aurelius qui fut dérobé du musée des arts de la ville de Skikda en 1996 et retrouvé en 2004 aux Etats-Unis a été enfin remis à l'Algérie. L'annonce de cette nouvelle a été faite jeudi dernier, soit le premier jour du mois du patrimoine, par la ministre de la Culture Khalida Toumi lors d'une cérémonie au musée des antiquités. La récupération de cette pièce archéologique qui dénote encore une fois de la présence des romains pendant un demi millénaire sur notre sol, s'est faite après une “bataille diplomatique et juridique” qui a duré plus d'une décennie. “Nous récupérons aujourd'hui une pièce de notre patrimoine et de notre histoire, à l'issue d'une pénible bataille diplomatique et juridique ”, a déclaré Khalida Toumi qui expliquera les péripéties de cette récupération qui “ sont dignes d'un polar. ” Le buste, une tête en marbre blanc, une matière qu'apprécient particulièrement les romains, mesurant une trentaine de centimètre de hauteur a été remis par le ministère des Affaires étrangères, qui l'avait rapatrié en Algérie le 1er mars dernier, de Washington via Montréal. Juste après que cette pièce soit dérobée à Skikda en décembre 1996, elle sera proposée à la vente par la prestigieuse galerie Christie's le 8 juin 2004 à New York, pour le compte de la galerie marchande “Samarcande arts anciens ”, établie à Paris. Grâce à l'aide d'Interpol et à la coopération de l'Administration américaine, le buste a pu être récupéré et remis en janvier 2008 à l'ambassade d'Algérie à Washington. Khalida Toumi a narré le récit de cette mésaventure en rappelant que le buste a été volé en même temps que huit autres pièces historiques qui n'ont pas encore été retrouvées. Il s'agit selon elle des “ têtes ” de femmes, d'un homme, d'un garçon, d'une fille et d'un “ clown ”, toutes en marbre sauf une en pierre. Tout en déplorant les conditions dans lesquelles ces pièces furent exposées, la ministre explique qu'elles “n'étaient pas dans un musée, mais dans un centre culturel géré par la commune, qui ne disposait pas des mesures de sécurité adéquates ”, a-t-elle précisé. L'oratrice avouera du reste que depuis 1996 l'Etat a décidé de “ conserver les pièces de valeur dans des musées dignes de ce nom, gérés selon les normes juridiques et sécuritaires internationales ”. Une fois le vol signalé à la police, Interpol a été saisi, mais la trace du buste n'a été retrouvée qu'en juin 2004, à New York. “ Le hic, c'est que nous n'avions pas les spécifications précises du buste et celles qui ont été fournies à Interpol ne correspondaient pas à l'objet retrouvé ”, a-t-elle révélé ajoutant que par bonheur “ nous avions des photos du buste prises à côté d'une règle graduée. Après examen de ces photographies, nous avons pu finalement donner au bureau d'Interpol à Washington les spécifications requises, pour prouver la propriété de l'Algérie sur cette pièce ”. Khalida Toumi rappellera l'existence d'un marché international de trafic illicite de biens culturels, qui provoque une saignée du patrimoine des pays du Sud. “ C'est cela le fléau le plus dangereux ” a-t-elle estimé indiquant qu'une “ stratégie de sauvegarde du patrimoine ” de l'Algérie était en élaboration et sera présentée devant le gouvernement “ avant fin mai, sur instruction du Président Bouteflika ”. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui a également pris part à la cérémonie de restitution, s'est félicité de la conjonction des efforts des différents services du gouvernement algérien qui a permis le retour du buste en Algérie. “ Certains pourraient minimiser la valeur de cette pièce, mais il s'agit de notre patrimoine historique et culturel, qui est inestimable ”, a-t-il affirmé. Le philosophe stoïcien Marcus Aurelius (Marc Aurèle) a régné sur l'empire romain de 161 à 180 après J.-C.. Il a laissé un célèbre recueil philosophique (sous le titre Pensées), qui prône les principes de la vertu.